Merck a-t-il fait preuve de défaut d’information ? Levothyrox Caroline Girardon
Le procès au civil contre le laboratoire doit commencer ce lundi
Ce lundi à Lyon doit se dérouler le procès au civil de 4113 plaignants de toute la France contre Merck. Ils ont attaqué le laboratoire pharmaceutique pour ne pas leur avoir signalé que la formule du Levothyrox avait changé. Compte tenu de l’affluence prévue, environ 400 personnes, le tribunal d’instance a été « délocalisé » au Double Mixte de Villeurbanne.
La dignité des malades
« L’affaire n’a rien à voir avec le volet pénal du dossier qui est instruit à Marseille », expose Me Christophe Leguevaques, l’avocat du collectif de patients. Il précise : « Cette audience est capitale car pour la première fois, la justice va devoir dire si oui ou non, la dignité des malades a été bafouée. » L’enjeu sera de savoir si Merck a fait preuve de défaut d’information en ne précisant pas que la formule de son médicament avait évolué. Il s’agira aussi de déterminer si les plaignants ont subi un préjudice moral. Me Christophe Leguevaques annonce que 10 000 € de dommages et intérêts seront demandés par malade. Raphaëlle, âgée de 37 ans, souffrant d’hyperthyroïdie, attend de voir son préjudice reconnu. « On ne peut pas voler la vie des gens comme cela, ni se servir d’eux comme des cobayes, lance-t-elle. Au bout de vingt jours, ma vie est devenue un enfer. » En juillet 2017, elle remarque que la boîte de médicaments, qu’elle prend depuis quinze ans, a changé de couleur et demande des précisions à la pharmacie. « On m’a répondu que le dosage restait le même. » Rassurée, elle poursuit son traitement. Elle prend 10 kg en un mois, fait des poussées d’urticaire, d’eczéma, perd ses cheveux par plaque. Elle est épuisée malgré douze heures de sommeil par jour, puis perd la parole et l’usage de ses jambes. Elle finit par arrêter le médicament. Reste alors à retrouver l’ancienne formule. « Le problème est que ces médicaments sont vitaux pour moi. Si je n’en prends pas, je crève… »