20 Minutes (Lyon)

La parole du cardinal Barbarin attendue au tribunal

Justice Le cardinal Barbarin est accusé d’avoir caché des agressions sexuelles

- Elisa Frisullo

Lorsqu’elle a ressurgi après vingtcinq ans d’omerta, nul n’aurait pu prédire à quel point l’affaire Preynat ébranlerai­t l’Eglise. Et que, dans le sillon de cet immense scandale pédophile naîtrait l’affaire Barbarin. Dès ce lundi et jusqu’à mercredi soir, l’archevêque comparaît devant le tribunal correction­nel de Lyon pour non-dénonciati­on d’agressions sexuelles sur mineurs.

˃ Une procédure lancée par des anciens scouts.

En 2016, après la révélation des actes pédophiles reprochés au père Preynat, une enquête préliminai­re visant Philippe Barbarin a été ouverte à la suite de la plainte de plusieurs anciens scouts, qui se disent victimes du curé, réunis au sein de La Parole Libérée. Ils accusaient alors le premier évêque de France d’avoir couvert le prêtre après avoir été informé de ses agissement­s pédophiles. Après plusieurs mois, le parquet de Lyon a classé l’enquête, estimant que les faits reprochés à l’archevêque étaient prescrits et non « constitués ». Neuf des anciens scouts ont alors engagé une procédure de citation directe afin que le cardinal soit contraint de s’expliquer devant la justice. ˃ Plusieurs membres de l’Église

cités à comparaîtr­e. Cinq autres membres du diocèse de Lyon, soupçonnés d’avoir été alertés du cas Preynat et de ne pas avoir informé les autorités, sont également cités. « Cette procédure vise d’autres personnes à tous les échelons. L’obligation de dénoncer les agressions sexuelles sur mineurs repose sur tout à chacun, pas seulement sur le responsabl­e en titre », précise Me Nadia Debbache, avocate de François Devaux, président de La Parole Libérée et plaignant. Luis Ladaria Ferrer, secrétaire de la Congrégati­on pour la doctrine de la foi au Vatican, ne sera pas jugé, le Vatican ayant refusé sa comparutio­n devant la justice française.

˃ Sur quoi vont porter les débats ?

L’une des questions sera de savoir depuis quand le cardinal Barbarin et les autres membres de l’église étaient au courant des agissement­s dont est accusé Preynat. En 2016, le Primat des Gaules avait indiqué avoir été informé par l’une des victimes du curé en 2014. Puis il était revenu sur ses propos et avait indiqué, tout en niant avoir couvert le prêtre, avoir été alerté en 2007. Le curé avait assuré qu’aucune agression n’avait eu lieu depuis 1991, selon le cardinal, et avait reconnu les agressions passées. Jamais par la suite, Bernard Preynat n’a été signalé à la police ni à la justice. Jusqu’en 2015, il a été maintenu dans ses fonctions, au contact d’enfants notamment. « On n’attend qu’une seule chose : qu’il soit jugé pour rétablir une vérité factuelle et juridique. On ne peut pas continuer des mois à alimenter ce procès en sorcelleri­e », a déclaré en septembre l’avocat de Mgr Barbarin, Jean-Félix Luciani, soucieux de démontrer que l’homme d’Eglise n’a commis aucune infraction.

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Le cardinal Barbarin n’aurait pas dénoncé des agressions sur mineurs.

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