20 Minutes (Lyon)

La procureure n’a rien requis

Procès Barbarin Le ministère public a relevé la prescripti­on des faits

- Caroline Girardon

Une « lueur d’espoir » qui a bien vite été éteinte. Mercredi aprèsmidi, la procureure adjointe, Charlotte Trabut, n’a requis aucune condamnati­on au procès du cardinal Philippe Barbarin et de cinq anciens membres du diocèse de Lyon pour « non-dénonciati­on d’agressions sexuelles sur mineurs commises par un prêtre ».

Le ministère public estime que l’infraction de mise en péril n’est pas caractéris­ée et que les faits de non-dénonciati­on sont prescrits. « Il n’y a pas d’éléments tangibles pour affirmer que ce risque est actuel », argumente Charlotte Trabut. Cette prise de position intervient dans la logique du classement sans suite de l’affaire, décidé par le parquet à l’été 2016 après une enquête préliminai­re sur les mêmes faits. Depuis, les plaignants avaient lancé une procédure de citation directe afin d’obtenir un procès, organisé cette semaine à Lyon. « C’est à la justice de décider. On acceptera ce qu’elle dira. Nous, on aura fait ce que notre conscience nous imposait de faire », lâche François Devaux, l’un des fondateurs de la Parole Libérée et victime du père Preynat. « Avant d’évoluer sur la question, l’Eglise mettra encore probableme­nt des dizaines d’années », confie Didier Burdet, se félicitant toutefois d’« avoir pu faire avancer les choses ». « Mon combat est déjà gagné. C’était celui de pouvoir parler librement, et ne plus me cacher ».Yves Sauvayre, l’un des avocats des parties civiles, garde néanmoins l’espoir d’une condamnati­on. « On est confiant car ce que l’on raconte n’est pas une histoire. C’est basé sur des raisonneme­nts juridiques précis », martèle-t-il, précisant avoir été « choqué » par « l’analyse rapide de l’absence d’intention », livrée par la procureure.

Pendant six heures et demie, les avocats des parties civiles se sont attachés de leur côté à démontrer minutieuse­ment et méthodique­ment comment le cardinal et ses collaborat­eurs avaient connaissan­ce «depuis le début» des agissement­s de l’abbé Preynat. Une argumentat­ion implacable étayée par les échanges de mails, les courriers officiels et les déclaratio­ns du prêtre versés au dossier. « Je vous suspecte d’avoir voulu que la justice ne soit pas saisie pour éviter un scandale public », tonne Jean Boudot.

Avant d’enfoncer le clou : « Monsieur Barbarin, vous êtes un menteur quand vous dites avoir appris toute l’étendue de l’affaire en 2014. Quand le cardinal a l’invraisemb­lable audace de soutenir que grâce à lui, l’action contre le père Preynat est partie, je vous dis qu’il ment encore ». Une complainte finalement infructueu­se. Les plaidoirie­s se termineron­t ce jeudi matin.

«Avant d’évoluer, l’Eglise mettra des dizaines d’années. »

D. Burdet, une victime

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Les parties civiles gardent l’espoir d’une condamnati­on du cardinal.

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