Des experts s’invitent dans la ville la plus haute du monde
L’Inserm va mener au Pérou une expédition sans précédent
« Lorsque nous sommes arrivés la première fois, nous avions l’impression d’être sur la lune. » A quelques semaines de son départ pour une expérience scientifique sans précédent au Pérou, le Grenoblois Samuel Vergès déborde d’enthousiasme. Du 28 janvier au 3 mars, ce chercheur de l’Inserm, en poste au laboratoire Hypoxie et physiopathologies cardiovasculaires et respiratoires, va participer à une expédition dans la ville la plus haute du monde : Rinconada, située dans la Cordillère des Andes.
Une population unique
Dans cette cité, aménagée autour d’une mine d’or, 50 000 personnes vivent en permanence à 5 300 m d’altitude. Un record. « Jamais des scientifiques ne se sont rendus à Rinconada pour caractériser cette population unique. Cette ville est presque inaccessible », explique Samuel Vergès. Il sera accompagné d’une quinzaine de médecins et chercheurs, chargés d’évaluer l’état de santé de ses habitants. « Ils vivent avec moitié moins d’oxygène que le taux enregistré au niveau de la mer. Nous sommes à la limite de la tolérance humaine », ajoute-t-il. Le scientifique a mené une expédition de reconnaissance dans la ville en octobre : « Ils vivent dans des conditions très précaires, sans eau courante, sans tout à l’égout. » La population, consciente de vivre dans des conditions extrêmes, a réservé un bon accueil aux Grenoblois, qui préparent l’expédition depuis deux ans avec l’aide d’un jeune médecin péruvien. Leur travail consistera à évaluer l’état de santé des habitants. « Nous savons déjà qu’un quart de la population a des problèmes de santé liés à l’altitude. Il y a des pathologies cardiaques, des AVC. En raison du manque d’oxygène, le sang a du mal à circuler », précise le scientifique. Mais le reste de la population évolue correctement. « Nous voulons comprendre pourquoi certains sont malades et d’autres non », détaille le Grenoblois.