20 Minutes (Lyon)

L’ancien prêtre « a rencontré le diable », selon une avocate

La troisième journée du procès de l’ancien prêtre Bernard Preynat a été consacrée en partie aux plaidoirie­s des parties civiles

- Caroline Girardon

« Ne vous trompez pas. Cet homme avait organisé un véritable système de mise à dispositio­n d’enfants pour en abuser à souhait. Non pas des dizaines, non pas des centaines mais des milliers d’enfants ont été livrés à sa merci. » Au moment de plaider, Emmanuelle Haziza, l’une des avocates des parties civiles, enfonce le clou avant d’exiger «une peine lourde».

Le procès de Bernard Preynat, ancien prêtre du diocèse de Lyon jugé pour agressions sexuelles sur mineurs, doit s’achever ce vendredi. « Cette semaine, vous n’avez pas libéré votre parole, votre conscience. Mais la messe n’est pas encore dite. Vous avez encore l’occasion, puisque vous parlerez en dernier, de vous confesser », poursuit Me Haziza en fixant le prévenu, calé au fond de sa chaise, les épaules voûtées. Et d’évoquer le parcours de son client, Pierre-Emmanuel GermainThi­ll : « Vous avez anéanti sa vie d’enfant, sa vie d’adolescent, sa vie d’adulte. Il pensait rencontrer Dieu, il a rencontré le diable.»

«Cette mise à nu est utile»

Avant elle, Jean Boudot, son confrère, a choisi de se lancer dans une « comptabili­té morbide» pour établir le nombre de victimes potentiell­es de l’ancien prêtre, qui a confessé qu’il pouvait s’en prendre « à quatre ou cinq enfants chaque semaine de camps » et « quasiment tous les week-ends ». « Quatre à cinq agressions par semaine, sur la période, ça fait entre 3 000 et 4 000... Vous êtes en train de juger un dossier à mille agressions sexuelles près, quand une seule suffit à briser la vie d’un homme», lancet-il au tribunal.

Pour l’avocat, les déclaratio­ns répétées du prévenu assurant cette semaine qu’il n’avait plus commis aucune agression depuis trente ans, ne changent rien. « L’absence d’infraction­s depuis 1991 est la démonstrat­ion absolue que, s’il avait voulu réfréner ses pulsions, il aurait pu.»

Les décennies écoulées ne doivent pas être un argument pour atténuer la peine pouvant être prononcée, soutiennen­t les parties civiles. Ce procès était nécessaire, explique Nadia Debbache, avocate de François Devaux. Les détails livrés toute la semaine à la barre sur la vie brisée des victimes, sur leurs traumatism­es ont été « utiles pour mieux comprendre certains silences», selon elle.Et d’insister auprès des juges : «Cette mise à nu est utile pour permettre à la société de comprendre à quel point une seule agression peut avoir un effet dévastateu­r. Et pourquoi cela a du sens, même trente ans après les faits, de venir devant vous.»

Le réquisitoi­re est attendu ce vendredi, avant la plaidoirie de la défense. Bernard Preynat encourt jusqu’à dix ans de réclusion.

 ??  ??
 ??  ?? L’une des avocates a demandé «une peine lourde» pour Bernard Preynat.
L’une des avocates a demandé «une peine lourde» pour Bernard Preynat.

Newspapers in French

Newspapers from France