Un traitement à méditer
Pour venir à bout de nombreuses addictions, la méditation est de plus en plus utilisée.
Dix minutes de méditation par jour pourraient aider à ne plus consommer de gin ou de cannabis. Popularisée par le médecin américain Jon KabatZinn dans les années 1980, la méditation de pleine conscience invite à focaliser son attention quelques minutes sur les expériences internes ou externes du moment. Cette pratique héritée du bouddhisme séduit de plus en plus de psychiatres et de psychologues français, afin de guérir les addictions. «Des programmes spécifiques ont vu le jour pour accompagner les personnes addicts», avance Julie Geneste-Saelens, psychiatre addictologue au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Ainsi, un protocole de prévention de la rechute des addictions, nommé MBRP (« mindfulness based relapse prevention »), en groupe, est proposé par certains hôpitaux français.
«Un effet physique»
« Dans mon CHU, on regroupe les personnes qui ont des addictions avec des produits et ceux qui ont des addictions comportementales (achats, jeux, sexe, écrans) », explique Julie Geneste-Saelens. Et sur le plan de l’efficacité ? Une étude française, réalisée à Plaisir (Yvelines) pour des personnes alcoolodépendantes, suggère que la consommation d’alcool diminue à court terme et à long terme. Mais ces conclusions sont difficilement exploitables au vu du très faible échantillon (14 personnes).
La démarche s’invite aussi dans les cabinets en ville. Certains psychiatres conseillent à leurs patients de s’abonner à Petit BamBou, une application pour smartphone. «Dans l’addictologie, le moment critique, c’est le craving, cette montée d’envie de fumer, de boire, de manger, précise Fanny Jacq, psychiatre qui a lancé Monsherpa, autre application de méditation. Faire quelques minutes de méditation à ce moment-là permet de lutter contre ce désir impérieux.»
Avec de l’entraînement, cette pratique pourrait procurer un bien-être réel. «Des IRM ont montré un effet physique, souligne Fanny Jacq. Se concentrer sur le moment présent apaise la sécrétion d’adrénaline et booste la sérotonine, hormone du bien-être. » « Je me souviens d’une patiente qui fumait beaucoup de cannabis et m’avouait qu’elle retrouvait dans la pleine conscience le même plaisir qu’avec la substance, témoigne Julie Geneste-Saelens. Cela lui permettait de savourer le présent, mais sans le produit.»