Victime de la Ligue du LOL, elle en révèle les rouages
Cyberharcèlement Victime de la Ligue du LOL, Iris Gaudin publie un livre sur le scandale révélé il y a un an
L’affaire avait fait grand bruit dans le monde des médias. CheckNews révélait, il y a un an, l’existence de la Ligue du LOL, un groupe Facebook privé composé d’une trentaine de journalistes accusée d’avoir mené, entre 2009 et 2013, des campagnes de cyberharcèlement à l’encontre de plusieurs femmes. L’ex-journaliste Iris
« J’ai écrit pour qu’on puisse comprendre la mécanique du cyberharcèlement. »
Gaudin, qui publie Face à la Ligue du LOL (éd. Massot), raconte le harcèlement subi sur Twitter et sa fascination pour Vincent Glad – créateur du groupe Facebook, qu’elle désigne sous son nom, puis par ses initiales « V. G. » –.
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’écrire ce livre ?
Quand l’affaire est sortie, j’ai été assaillie par les journalistes. Je n’ai pas voulu me laisser happer par ce tourbillon médiatique. J’ai même eu honte d’avoir osé parler. Je me trouvais salie d’avoir ressorti toute la boue qu’ils avaient déversée sur moi. Là, je me suis dit qu’il fallait que je raconte, pour que la honte change de camp. J’ai écrit pour qu’on puisse comprendre la mécanique du cyberharcèlement.
Comment avez-vous été prise dans cet engrenage ?
J’étais fascinée par V.G., le créateur de la page Facebook de la Ligue du LOL, avec qui j’ai eu une relation extraconjugale. Je voulais qu’il m’aide à devenir influente sur Twitter. C’est ainsi que je suis tombée sous son emprise. Les premières insultes à caractère sexiste et messages obscènes sont apparus très vite dans ma timeline. Je me suis rapidement rendu compte que quelque chose n’allait pas. Que des comptes anonymes étaient au courant de détails très particuliers de ma vie privée. Au début, je me suis dit que c’était juste un jeu. Puis j’ai très vite perdu pied…
Aviez-vous conscience à l’époque d’être victime de cyberharcèlement ?
On ne se rend pas bien compte de ce qu’il se passe quand on est victime de ce genre de violence. A l’époque, le délit de cyberharcèlement n’existait pas [il n’a été créé qu’en 2014]. J’étais happée par Twitter, je n’avais aucun recul. Plus je me prenais des insultes, plus j’essayais d’émerger dans le débat, plus je me noyais. Cette affaire m’a complètement brisée, ça m’a fait changer de carrière. Aujourd’hui, je me pose la même question : pourquoi ont-ils fait ça?
Les faits sont prescrits pénalement...
Oui, la justice n’est pas passée sur cette affaire, et ne passera pas. A l’époque, j’ai voulu entamer une procédure au civil contre V. G. [l’affaire est prescrite au pénal, mais pas au civil]. Mais pour qu’une telle procédure ait lieu, je devais obligatoirement passer par une tentative de conciliation. J’ai engagé cette action en justice, mais elle n’a pas abouti. Je n’ai pas voulu aller plus loin.