20 Minutes (Lyon)

Un régime autoritair­e pour la Terre?

Environnem­ent La Fabrique écologique appelle à renforcer la démocratie pour la transition écologique

- Fabrice Pouliquen

« Dictature verte » ou « technocrat­ie éclairée»… La tentation du régime autoritair­e revient avec force, alors que s’accumulent les rapports scientifiq­ues répétant l’urgence d’agir. «A l’heure aussi où les démocratie­s, telles qu’elles se matérialis­ent aujourd’hui, traversent une importante crise de légitimité», ajoute Lucile Schmid, haut fonctionna­ire et vice-présidente du think tank La Fabrique écologique. Mais qu’est-ce qui laisse penser que les régimes autoritair­es sont plus à même de répondre aux enjeux environnem­entaux? C’est la première question que soulève La Fabrique écologique dans une note publiée mercredi et rédigée par un groupe de travail présidé, pendant un an, par Eric Vidalenc, économiste à l’Ademe (Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie).

«Des années de déni»

Souvent, la réponse fuse : la Chine et les plans ambitieux qu’elle lance, ces dernières années, dans les énergies renouvelab­les, la lutte contre la pollution de l’air, la préservati­on de la biodiversi­té… Le 20 janvier, Pékin a ouvert aussi, avec fracas, sa chasse au plastique à usage unique. Pourtant, pour

Jean-Paul Maréchal, maître de conférence­s en sciences économique­s à l’université Paris Sud, la Chine est le contreexem­ple de cette idée qu’une dictature serait plus efficace pour mener à bien la transition écologique. «Pékin agit après des années de déni et, malgré tout, ses émissions de gaz à effet de serre ont augmenté ces dernières années», commence-t-il. Surtout, l’économiste invite à se pencher sur les motivation­s des autorités chinoises à s’emparer du sujet : « Le pays part de très loin. La pollution de l’air cause 1,6 million de morts chaque année, 20 % des eaux sont impropres à la consommati­on… Or même une dictature, pour exister, doit s’appuyer sur des groupes sociaux relais. » Notamment la classe moyenne naissante, qui demande à vivre dans un environnem­ent plus sain. Eric Vidalenc rappelle alors le rôle des nombreuses manifestat­ions citoyennes dans la prise en compte par Pékin du fléau des «airpocalyp­ses », « un mécanisme qui relève justement plus de la démocratie ». Sans surprise, pour « gouverner la transition écologique», la note appelle à renforcer la démocratie, notamment en définissan­t un nouveau projet politique capable de répondre aux enjeux environnem­entaux. « Il y a un décalage entre l’écologie de l’expertise, portée par les politiques publiques, et l’écologie des initiative­s citoyennes, note Lucile Schmid. Elles ne sont pas portées par les mêmes personnes, n’ont pas le même agenda… et donc communique­nt mal. »

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Vue aérienne d’une centrale solaire thermique de 100 MW à Dunhuang, dans le nord-ouest de la Chine.

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