Elle travaille sur la résilience aux virus des chauves-souris
Stéphanie Jacquet, scientifique à Lyon, fait partie des lauréates qui viennent d’être récompensées par la fondation L’Oréal-Unesco
Lorsqu’elle a quitté l’île de Saint-Martin (Antilles), son bac en poche, pour poursuivre ses études en métropole, elle s’orientait vers une carrière d’enseignante. Mais c’est finalement aux parasites en tout genre et à leurs hôtes qu’elle a consacré une grande partie de ses études et recherches. Un parcours déjà bien rempli pour lequel Stéphanie Jacquet, postdoctorante à Lyon, a été récompensée, jeudi. La femme de 33 ans fait, en effet, partie des lauréates 2020 du prix jeunes talents France L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science.
«Si ce prix permet d’encourager d’autres jeunes filles qui sont dans le doute, ce serait super, s’enthousiasme Stéphanie Jacquet. Les femmes ne devraient pas se fermer des portes. La science n’est pas genrée, c’est universel. Il y a une diversité de parcours, de thématiques, quels que soient notre genre ou nos origines. » Cette chercheuse, rattachée au centre international de recherche en infectiologie et laboratoire de biométrie et biologie évolutive à Lyon, a débarqué à Montpellier à 18 ans, avec des envies en tête, mais aucune certitude. « J’adorais les sciences, j’étais bonne élève. Mais il n’y avait rien de tracé. Je savais juste que je voulais transmettre, enseigner. »
Le rôle des parasites étudié
Celle qui s’imagine professeur passe une licence en biologie des organismes, puis s’engage en master. Cette année-là, un cours de parasitologie la fascine. Dès lors, son cursus s’oriente davantage autour des parasites et de leur rôle dans les maladies infectieuses. Depuis 2016, ses recherches postdoctorales concernent la chauve-souris, revenue bien malgré elle, avec le Covid 19, sur le devant de la scène. «Nos travaux ont commencé bien avant le coronavirus. Forcément, on ne peut pas ignorer le contexte. Cela montre le caractère fondamental d’étudier les différents acteurs et mécanismes impliqués dans la circulation des pathogènes», souligne la scientifique, dont les travaux portent davantage sur le petit mammifère en tant qu’hôte de virus plutôt que comme transmetteur de maladies. Car depuis des millions d’années, la chauve-souris a hébergé de multiples virus. « Sa particularité, c’est qu’elle ne semble pas développer de symptômes pour des virus qui sont, pourtant, pathogènes pour d’autres espèces dont l’homme, ajoute Stéphanie Jacquet. Notre projet consiste, donc, à étudier comment son système immunitaire s’est adapté aux infections virales pour déterminer ce qui la différencie des autres mammifères. Et comprendre comment elle se défend contre les virus. » Des travaux de longue haleine qui n’ont pas encore livré toutes leurs réponses et qui, en pleine épidémie de coronavirus, ouvrent le champ à une multitude d’autres recherches possibles.