Macron veut défier l’islamisme
Le chef de l’Etat se rend ce vendredi matin aux Mureaux pour présenter un plan contre les «séparatismes»
C’est un centre de loisirs du Bas-Rhin où certains parents réclament des activités non mixtes. Ou encore une librairie du Nord qui propose des ouvrages de prédicateurs interdits en France. Emmanuel Macron se rend, ce vendredi matin aux Mureaux (Yvelines), afin de présenter les grandes lignes d’un plan de lutte contre ce qu’il a appelé « les séparatismes ». L’intitulé exact est encore relativement vague, mais l’heure n’est plus aux faux-semblants, alors que ce plan est attendu depuis 2017. «On a plusieurs formes de séparatismes, mais le principal adversaire, c’est l’islamisme, assume l’Elysée. Il n’y a pas d’ambiguïté. » L’épidémie de coronavirus l’avait reléguée au second plan des préoccupations, mais la menace intégriste est toujours là, comme l’a rappelé l’attaque menée devant les anciens locaux de Charlie Hebdo il y a une semaine, rappelle-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat.
« L’islamisme grandit aujourd’hui dans le scolaire et le périscolaire.»
L’Elysée
Mais l’exécutif n’est pas vraiment prêt. Le projet de loi qu’Emmanuel Macron va présenter ne sera pas « stabilisé » avant la mi-octobre. Il sera ensuite soumis aux représentants de cultes avant une présentation en Conseil des ministres début décembre. Le débat devant l’Assemblée nationale n’aura donc pas lieu avant le premier semestre 2021.
Difficile de savoir, dès lors, ce que va annoncer Emmanuel Macron. Mais la présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, donne une indication. « Par le passé, l’islamisme grandissait dans les mosquées. Aujourd’hui, c’est dans le scolaire et le périscolaire », assure l’Elysée, qui évoque le chiffre de « quelques dizaines de milliers d’enfants » aujourd’hui scolarisés dans des écoles hors contrat. Emmanuel Macron devrait donc annoncer un contrôle plus strict des associations musulmanes qui gèrent ces écoles, notamment en les faisant basculer du régime de la loi de 1901 à celui de la loi de 1905, plus coercitif.
En parallèle, le président pourrait aussi évoquer des mesures plus controversées contre les certificats de virginité délivrés par certains médecins avant un mariage religieux, la polygamie ou la privation d’héritage pour les filles. De quoi promettre des débats épineux. « Il faut être très vigilant sur les tentatives de stigmatisation de la communauté musulmane, met en garde Chems-Eddine Hafiz, recteur de la mosquée de Paris. Si le chef de l’Etat a envie de trouver des solutions, je serai son partenaire. Mais je n’ai pas envie d’être enfermé dans une logique électorale. »