Le casse-tête de la tête olmèque
Le musée du quai Branly, à Paris, a installé une sculpture monumentale de 4,5 t
« Moi, je dis que ça passe… mais monte quand même encore de 10 cm.» C’est un jour de grandes manoeuvres qui débute sous une pluie glaciale de fin septembre au musée du quai BranlyJacques-Chirac (Paris, 7e). Une vingtaine de personnes attendent un camion. D’où vient exactement ce camion? D’un entrepôt «en banlieue» où un transporteur spécialisé dans les oeuvres d’art stocke ces trésors en transit.
Dans le ventre du camion, une énorme caisse en provenance du Mexique. Et dans la caisse, une oeuvre qui n’avait encore jamais posé le pied en France.
Enfin, le pied… Il s’agit d’une tête olmèque, une sculpture en basalte de 4,5 t figurant un visage, oeuvre monumentale caractéristique de cette culture méso-américaine à laquelle le musée du quai Branly consacre son exposition événement d’automne (à partir du 9 octobre), « Les Olmèques et les cultures du golfe du Mexique». Mais avant de pouvoir dévoiler la tête olmèque dans toute sa splendeur, sur un podium construit sur mesure dans le hall d’accueil du musée, il y a environ 300 m à faire parcourir à cette boîte. Violette Caubisens pilote tout cela avec autorité. La responsable de la régie pour cette exposition est plutôt sereine : « L’essentiel du travail se fait en amont, avec des cabinets d’étude, pour savoir comment effectuer le déplacement. Et il se fait aussi à bras d’homme. La technologie nous aide, mais le transport d’oeuvre, ça reste très artisanal. » Une fois arrivée devant son podium, qui cache un quadrillage de poutrelles en acier pour supporter son poids, la sculpture est débarrassée de son enveloppe. « On garde tout parce qu’on s’en resservira pour la renvoyer au Mexique », explique Violette Caubisens (lire l’encadré).
Alors que l’oeuvre est harnachée pour être basculée – lentement, très lentement – sur son podium, les pontes du musée passent une tête. « C’est un événement, se réjouit Steve Bourget, archéologue, responsable des collections Amériques au musée et commissaire de l’exposition “Olmèques”. Les déplacements de ces têtes sont très rares. En fait, ça ne peut pas se passer mal, ça n’est pas une option. Au pire, ça prendra du retard. Mais non, désolé, la tête ne va pas se mettre à rouler et à écraser des gens… »
« Le transport d’oeuvre, ça reste très artisanal. » Violette Caubisens, responsable de régie