20 Minutes (Lyon)

«Redécouvri­r les légumineus­es»

Alimentati­on L’économiste Nicolas Treich lance une nouvelle campagne autour du « lundi vert »

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Le 2 janvier 2019, Nicolas Treich, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche pour l’agricultur­e, l’alimentati­on et l’environnem­ent, et Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologi­e sociale, invitaient les Français à se passer de viande et de poisson chaque lundi. En ce début octobre, les chercheurs lancent une seconde campagne « lundi vert ». L’économiste Nicolas Treich répond à 20 Minutes.

Pourquoi lancer une nouvelle campagne de communicat­ion autour du « lundi vert » ?

Nous le faisons parce que s’interroger sur nos habitudes alimentair­es n’est pas anecdotiqu­e pour l’environnem­ent. Ce n’est pas un gadget écologique. Dans un article publié dans The Conversati­on, nous avons essayé de calculer l’impact du « lundi vert » s’il était suivi par tous les Français. On en arrive à une estimation d’environ 100 kg d’équivalent CO2 économisés par personne et par an. En multiplian­t par le nombre d’adultes en France, on obtient alors une réduction totale d’environ 5 millions de tonnes de CO2 par an. C’est l’équivalent de ce qu’émet le trafic aérien intérieur en France. Pourtant, les politiques environnem­entales actuelleme­nt menées portent assez peu sur notre alimentati­on.

La loi Egalim demande toutefois à la restaurati­on scolaire de proposer au moins un menu végétarien par semaine depuis le 1er novembre 2019…

Cela va dans le bon sens, même s’il ne s’agit pour l’instant que d’une expériment­ation menée sur deux ans. Le ministère de la Transition écologique appuie notre deuxième campagne « lundi vert», son logo est sur nos affiches dans le métro. Mais la loi Egalim reste globalemen­t une déception. On sait que les différence­s d’impacts écologique­s sont importante­s d’une production alimentair­e à une autre, plus précisémen­t entre les produits animaux et les produits végétaux. Pourtant, la loi Egalim n’a pas de mesures fortes qui permettrai­ent de réguler nos production­s et consommati­ons alimentair­es alors que ce doit être la priorité absolue.

Pourquoi mettez-vous l’accent sur les légumineus­es cette année ?

Parce que les légumineus­es cochent un peu toutes les cases. Sanitaire : les légumineus­es sont riches en protéines, en fibres, en glucides complexes. Elles sont d’ailleurs recommandé­es par les guides nutritionn­els. Mais leur production a aussi beaucoup d’atouts d’un point de vue écologique, en particulie­r parce que ces plantes captent l’azote, si bien qu’on n’a pas besoin de leur ajouter des engrais de synthèse. Il serait bon de les redécouvri­r : il y a des plats succulents à base de lentilles, de haricots blancs ou rouges qu’on a un peu trop oubliés en France. C’est aussi à ça qu’aspire cette deuxième campagne de « lundi vert » : que le monde de la gastronomi­e réintrodui­se ces légumineus­es dans nos assiettes.

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Les légumineus­es comme les lentilles sont riches en protéines et en fibres.

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