20 Minutes (Lyon)

Une gestion à remettre en ordre ?

Manque de masques, de tests... La réactivité et la cohérence des autorités de santé lors de la première vague de Covid-19 suscitent des interrogat­ions.

- Oihana Gabriel

« On a réussi à passer le premier pic de l’épidémie sans se poser la question de l’action des agences sanitaires, mais on n’en fera sans doute pas l’économie face à ce rebond », prévient Nicolas Henckes, sociologue au CNRS. La France compte une myriade d’autorités sanitaires : Haute Autorité de santé (HAS), Haut Conseil de la santé publique (HCSP), Santé publique France, direction générale de la Santé… et 18 agences régionales de santé (ARS). Pourtant, la France ne semblait pas préparée à la crise sanitaire.

«Cette crise révèle un problème de coordinati­on entre les agences et entre les ministères.»

Henri Bergeron, sociologue

Pénurie de masques, de tests… La gestion de la crise, examinée par les commission­s d’enquête des députés et sénateurs, interroge sur l’anticipati­on et la réactivité des agences sanitaires. «Il ne faut pas confondre les autorités politiques [la DGS, métronome pendant la crise], scientifiq­ues [la HAS et le HCSP] et les opérateurs [les ARS]», nuance Franck Chauvin, président du HCSP et membre du conseil scientifiq­ue Covid. Ces autorités ont, pour lui, travaillé de manière complément­aire.

Pourtant, l’exécutif a créé le conseil scientifiq­ue Covid. « Alors qu’il existait un plan de pandémie grippale, des décisions parmi les plus importante­s depuis 1939 ont été prises par le Premier ministre, le président, le ministre de la Santé et un conseil scientifiq­ue, ce dernier n’étant prévu par aucun texte », critique Henri Bergeron, sociologue au CNRS et coauteur de Covid-19, Une crise organisati­onnelle (Presses de Sciences po, parution jeudi). « Le Haut Conseil aurait pu jouer ce rôle, reconnaît Franck Chauvin. Mais, compte tenu de la masse de travail, cette création me semble pertinente. »

Les responsabl­es se renvoient la balle quand on parle dysfonctio­nnements. A entendre l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, son ministère a bien anticipé. Pourtant, personne ne l’avait prévenue que les stocks stratégiqu­es de masques étaient périmés. Santé publique France met dix-huit mois pour réaliser l’audit des masques et neuf mois à passer commande. « Cette crise révèle un problème de coordinati­on et de coopératio­n entre ces agences, et, plus largement, entre les ministères », avance Henri Bergeron.

« Les agences ont répondu présent, se défend Franck Chauvin. En revanche, il faudra peut-être questionne­r les systèmes d’alerte. Il y a aussi une crise de la santé publique de proximité. Dans les territoire­s, on avait peu d’agents pour mettre en oeuvre les mesures. »

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» mercredi dans les racks. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Olivier Véran (à g.) visite un centre de dépistage de l’ARS Ile-de-France.

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