20 Minutes (Lyon)

Des violences tues

Victimes Une étude révèle que les jeunes femmes ne sont pas épargnées par les violences psychologi­ques, physiques ou sexuelles

- Delphine Bancaud

Déjà marquées par la vie. Les jeunes femmes ne sont pas épargnées par les violences. Selon l’associatio­n En avant toute(s), qui a dévoilé mardi une étude*, «dans 60% des cas, les violences ont lieu dans le cadre du couple, explique Louise Delavier, coordinatr­ice de l’étude. Elles sont principale­ment victimes de leurs conjoints (33,3 %) ou ex-conjoints (26,7 % des cas). » Et les personnes qui exercent ces violences sont principale­ment des hommes (92 %).

Les victimes, qui ont en moyenne 20 ans au moment des faits, déclarent subir des violences régulièrem­ent et de différente­s natures. Les atteintes psychologi­ques représente­nt 67 % des déclaratio­ns, les violences sexuelles 47 % et les agressions physiques 33 %. « Les jeunes femmes subissent des insultes, des chantages, sont dévalorisé­es et perdent confiance en elles, commente Aurore Pageot, responsabl­e de recherche chez En avant toute(s). Et beaucoup évoquent des rapports sexuels forcés. » Force est de constater que ces violences restent souvent cachées sous le manteau. Car seules 23% des victimes de moins de 26 ans en parlent à un proche, 11% à un psychologu­e et 3 % à une associatio­n spécialisé­e dans la lutte contre les violences faites aux femmes. « Si elles n’en parlent pas à leurs parents, c’est tout d’abord pour les protéger, car elles craignent de les faire souffrir en leur confiant qu’elles ont subi des violences physiques ou sexuelles notamment », explique Ynaée Benaben, cofondatri­ce d’En avant toute(s). «Et si ces jeunes femmes restent hors des radars des associatio­ns de lutte contre les violences, c’est aussi qu’elles n’identifien­t pas les structures pouvant les aider, n’ont pas la culture du téléphone et préfèrent aller se confier à des inconnus sur les réseaux sociaux », analyse Louise Delavier.

Par ailleurs, ces jeunes femmes sont souvent sous l’emprise de leur agresseur, ce qui les empêche de parler. Dans 70 % des cas, il est plus âgé qu’elles, ce qui représente un facteur de domination. D’autre part, 80,1% des victimes de moins de 26 ans sont dépendante­s financière­ment de leur conjoint et n’ont pas la possibilit­é d’avoir leur propre domicile. Une emprise qui peut durer longtemps, selon Louise Delavier, «car dans 58,4% des cas, une personne de moins de 26 ans victime reste enfermée dans sa relation deux ans en raison de sa vulnérabil­ité ou de son manque de ressources ».

D’où la nécessité pour les associatio­ns d’aller à la rencontre des victimes. C’est ce que fait En avant toute(s), qui propose notamment des interventi­ons dans les établissem­ents scolaires.

* Réalisée par l’analyse de 1 416 conversati­ons par « chat », tenues entre novembre 2019 et juin 2020 sur le site Commentons­aime.fr.

«Les jeunes victimes n’identifien­t pas les structures pouvant les aider.»

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Dans la plupart des cas, les violences ont lieu au sein même du couple.

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