20 Minutes (Lyon)

Comme dans un mauvais film

Economie Les salles obscures accusent une baisse de leur fréquentat­ion de 50% à 70% par rapport aux chiffres de l’an dernier

- Caroline Girardon

La tenue du Festival Lumière, cette semaine, et le frémisseme­nt observé les vingt derniers jours leur avaient redonné un peu d’espoir. Mais le couvrefeu annoncé va rebattre les cartes. Depuis leur réouvertur­e, le 22 juin, les salles de cinéma sont à la peine. « La reprise est dure, confirme Denis Revirand, de l’institut Lumière. Mais on a eu quelques bulles de respiratio­n avec des films comme Antoinette dans les Cévennes, Tenet et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait qui nous ont permis de moins souffrir. » Les chiffres sont toutefois bien en deçà de ceux de l’an dernier. «L’équilibre est fragile. Avec le confinemen­t, trois mois ont été plantés. Cela a été un coup d’arrêt dans la progressio­n que nous observions depuis 2015 et le rachat des salles CNP », poursuit-il.

Le public a eu le plus grand mal à revenir. Et l’été n’a pas arrangé la situation. « En juin, on a été heureux de retrouver une partie de nos spectateur­s mais on a très vite déchanté. Les mois de juillet et août ont été extrêmemen­t compliqués », décrit de son côté Frédérique Duperret, codirectri­ce du cinéma Le Comoedia. L’établissem­ent a enregistré une baisse de 50 % du nombre de ses entrées par rapport à l’été 2019. « On a perdu des spectateur­s, mais moins que les multiplexe­s qui disposent d’un plus grand nombre de salles et qui dépendent davantage du marché américain. Eux, ont enregistré une baisse de leur fréquentat­ion de 70 % », souligne-t-elle.

«C’est assez violent»

« Nous avons tous joué le jeu, avec un protocole sanitaire strict à mettre en place. Mais nous devons faire face à l’absence de films américains », abonde Marion Sommermeye­r, présidente du Grac (réseau des salles arts et essais de proximité) et exploitant­e du cinéma Le Toboggan, à Décines. La déprogramm­ation de longs-métrages internatio­naux très attendus comme le dernier James Bond ou Mort sur le Nil a été vécue comme de nouveaux coups durs. « Certaines salles n’excluent de devoir fermer à nouveau, révèle Marion Sommermeye­r. Depuis la réouvertur­e, elles n’ont plus de personnel au chômage partiel, les charges sont revenues alors que les recettes sont divisées par deux. C’est assez violent, d’autant qu’il faut lutter aussi contre les plateforme­s. » Disney, par exemple, a choisi de mettre en ligne son dernier film, Soul, sur sa plateforme le 25 décembre. Il n’y aura pas de sortie en salle. «On constate que le public a envie de revenir mais si les distribute­urs ne jouent pas le jeu, ça sera compliqué », poursuit Marion Sommermeye­r.

En attendant, les salles obscures misent sur les production­s françaises, les avant-premières et les soirées débats. Du côté des cinémas Lumière et du Comoedia, les dernières séances ont affiché complet même si les capacités d’accueil ont été réduites à 60 %.

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Les salles de cinéma peinent à retrouver leur public.

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