«Gore» ou l’art des textes durs par Lous and the Yakuza
L’artiste sort son premier album ce vendredi, avec des textes durs, mais surtout beaucoup de recul
A première vue, Lous and the Yakuza est une artiste à l’univers sophistiqué. Les médias la présentent ces derniers mois comme le nouveau «phénomène » de la musique. Son nom interpelle, composé de l’anagramme de «soul» et de «Yakuza», qui évoque la mafia japonaise.
Côté musique, la chanteuse de 24 ans vogue entre pop et hip-hop, et évoque des influences qui vont de Mozart à James Blake, FKA Twigs à Ndongo Lo, de Kate Bush à Ikue Asazaki. Dans Dilemme, l’un des titres phares de son premier album Gore, qui sort ce vendredi, elle parle de cette chienne de vie « qu’il faut tenir en laisse ». C’est d’ailleurs à ce parcours semé d’embûches que nous renvoie sa maison de disques, en amont de la rencontre avec l’artiste.
Génocide et pauvreté
Lous, de son vrai nom Marie-Pierra, a grandi entre la République démocratique du Congo, la Belgique et le Rwanda. Confrontée très jeune à des histoires nationales difficiles, comme le génocide, et à la pauvreté, la petite fille se réfugie dans l’école et dans l’écriture. Une histoire lourde, un récit de résilience. Limpide. A quelques nuances près.
On s’attend à rencontrer une artiste torturée et sur la réserve. C’est tout le contraire : on la retrouve fin septembre dans l’hôtel de luxe où elle enchaîne les interviews. Avenante, le sourire aux lèvres. Nous entrons dans le vif du sujet : « Avec un parcours si difficile, sortir cet album est-il une revanche sur la vie ? » « Jamais !, répond-elle du tac au tac. Ce serait voir du négatif dans cette sortie, et je m’éloigne de toutes ces idées de revanche. » Sa prise de recul sur sa vie et sur sa « poisse » lui a donné l’idée du nom de l’album : « Gore. C’est un sous-genre du cinéma d’horreur qui est tellement trash que ça devient presque drôle», explique-t-elle, se référant aux films de Tarantino. Toujours dans cet esprit, elle livre dans Quatre Heures du matin un témoignage du viol dont elle a été victime. Mais toujours avec ce fameux recul. «Je pense concrètement que, dans la vie, il faut identifier le mal pour le guérir.» A l’image d’une palette de couleurs, les dix titres de Gore saisissent la pluralité de Lous and the Yakuza.