20 Minutes (Lyon)

L’antihéros Finn Russell muscle le jeu du Racing 92

Face à Exeter en finale de la Champions Cup samedi, le Racing 92 pourra compter sur son génie écossais

- A Toulouse, Nicolas Stival

Samedi (17h45), le Racing 92 jouera le match le plus important de son histoire récente de l’autre côté de la Manche, à Bristol. Après ses échecs lors des finales 2016 (contre les Saracens) et 2018 (face au Leinster), le vénérable club francilien va tenter d’accrocher une première Coupe d’Europe à son palmarès, au détriment des Anglais d’Exeter.

Si le richissime président, Jacky Lorenzetti, peut encore espérer atteindre son Graal continenta­l, il le doit en bonne partie à Finn Russell. Le demi d’ouverture de 28 ans a fait basculer la demi-finale contre les Saracens, grâce à un petit coup de pied au-dessus de la défense qui a abouti à l’essai vainqueur de Juan Imhoff. Un énième coup de génie sorti de la boîte à magie de l’Ecossais. «Russell est en train de révolution­ner le poste de n° 10 », juge Christophe Lamaison, l’ouvreur du XV de France lors de l’inoubliabl­e demi-finale de la Coupe du monde 1999 contre les All Blacks. A un moment, on était dans l’anglo-saxon, type Wilkinson : occupation du terrain, jeu au pied assez pragmatiqu­e. Russell a tout ça, mais il possède aussi un côté instinctif dans la prise d’initiative­s.» Bien sûr, l’ancien joueur des Glasgow Warriors, débarqué en France voici deux ans, est lui aussi anglo-saxon, mais sans le côté rigide souvent lié à cette AOC. «Pour la plupart des supporteur­s écossais, Finn est un héros, assure Andy Burke, journalist­e sportif à la BBC Scotland. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un joueur comme lui, au jeu instinctif et créatif, porter le n° 10 en sélection. C’est aussi l’un des rares athlètes du pays dont la notoriété dépasse la sphère du rugby, alors que le foot est le sport roi.» Une célébrité qu’il doit à son talent, mais aussi à son parcours et à sa personnali­té. Apprenti maçon à l’adolescenc­e, le garçon trimballe une insoucianc­e plutôt rafraîchis­sante dans l’univers de plus en plus aseptisé du rugby pro. «J’ai cette chance de pouvoir débrancher et rebrancher vite», confiait Russell, jeudi, dans L’Equipe. «Il a envie de se faire plaisir sur un terrain et ça se voit, apprécie Christophe Lamaison. Il est un peu dans le registre du rugby d’avant.» Y compris au niveau du gabarit. Si le fantasque Calédonien s’est étoffé au fil des ans (1,82 m, 87 kg aujourd’hui), il n’arbore pas les abdos «six packs» habituelle­ment livrés avec le trois-quarts moderne. «Son surnom en début de carrière était ‘‘The Muscle’’, parce qu’en fait, des muscles, il n’en avait pas beaucoup», sourit Andy Burke. N’allez toutefois pas imaginer un troubadour dilettante, qui découvre les joueurs d’en face au coup d’envoi. «Je regarde toujours les trois ou quatre derniers matchs de nos adversaire­s», assure Russell à L’Equipe.

Samedi, il retrouvera des têtes bien connues dans les rangs d’Exeter, comme ses compatriot­es Jonny Gray ou Stuart Hogg. Un conseil, signé Andy Burke : regardez bien son visage au moment d’allumer la télé. «Quand il joue avec le sourire, cela signifie en général que son équipe va passer une bonne journée.»

« Pour la plupart des supporteur­s écossais, Finn Russell est un héros. »

Andy Burke, journalist­e écossais

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Instinctif et créatif, le demi d’ouverture crève l’écran avec son club.

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