La HandiTech prend ses quartiers au sein de la Station F, à Paris
Le campus géant accueille plusieurs dizaines de start-up consacrées au handicap
« Les technologies qui ont un impact sur la vie des individus ont le vent en poupe. Les gens sont à la recherche de solutions concrètes pour améliorer leur quotidien », constate Grégoire Martinez, le directeur de la communauté et de la communication de la Station F, le plus grand campus de start-up au monde. Le bâtiment parisien héberge plus de 1000 jeunes entreprises parmi lesquelles plusieurs dizaines qui travaillent autour du handicap. Ces deux dernières années, leur nombre a d’ailleurs considérablement augmenté. « Station F est un levier extraordinaire et l’écosystème qu’il y a autour est très utile. Il permet beaucoup d’interactions, des mises en relations avec des start-up basées dans d’autres incubateurs et la création de microcommunautés de travail », explique Yves Cornu, directeur général de Facil’iti. Incubée à Station F depuis deux ans, la jeune pousse développe une solution d’accessibilité numérique qui adapte l’affichage d’un site Web en fonction des besoins de l’internaute. Concrètement, « on propose des interfaces pour les personnes malvoyantes, daltoniennes, celles ayant une motricité réduite de la main, comme les malades de Parkinson, ou encore pour les personnes dyslexiques », précise le DG. Les zones de clics vont par exemple s’agrandir, les caractères se colorier, etc., dans le but de « redonner du sens à la lecture ». Du sens, Yves Cornu en a d’ailleurs trouvé à Station F : « Facil’iti étant à l’origine basé à Limoges, avoir un pied-à-terre à Paris nous permet de monter des projets communs. Par exemple, j’ai rencontré ici les gens d’une entreprise qui fait de la collecte de données pour des produits d’e-commerce. Actuellement, on discute ensemble. Si nous n’étions pas à Station F, nous ne les aurions jamais rencontrés. Ce lieu est un incroyable vivier de compétences. »
Entraide et échanges
Toujours au sein de l’incubateur, on trouve la start-up Omni qui utilise la trottinette électrique pour motoriser le fauteuil roulant. Cette idée originale vient de cinq personnes dont Charlotte Alaux : « Mes quatre collègues sont valides et moi je suis en fauteuil depuis mes 4 ans. Ils ont utilisé des fauteuils roulants lors d’une formation il y a deux ans et c’est à ce moment-là que nous avons eu l’idée de créer une solution motorisée inclusive. »
L’entreprise développe un système de fixation qui permet de relier une trottinette électrique à son fauteuil roulant pour 690€. Quand on sait qu’une roue électrique peut coûter plusieurs milliers d’euros, l’alternative Omni, à laquelle il faut ajouter l’achat de la trottinette motorisée, est attrayante. Pour ce qui est de l’installation, « il suffit de glisser le fauteuil sur la trottinette et de le fixer », explique Charlotte Alaux. « Les premiers retours sont très positifs et ça change le regard sur le handicap en rendant le fauteuil roulant ludique. »
A Station F, elle aussi a trouvé son compte : « On échange avec d’autres start-up qui n’ont rien à voir avec ce qu’on fait et cela nous permet de réfléchir ensemble au sujet des relations presse, du financement, du management, mais aussi de s’entraider et d’échanger nos savoirs. » Omni lance actuellement une campagne de crowdfunding et sa première série de fixations sera livrée en mars.
« Ce lieu est un incroyable vivier de compétences. »
Yves Cornu, DG de Facil’iti