Lyon a des papillons dans le ventre pour ses papillotes
«20 Minutes» fait un tour de France des traditions de Noël. A Lyon, on vous raconte l’histoire d’amour de la ville avec la papillote
« Dans les années 1960, je me souviens que notre cadeau de Noël, sous le sapin, était toujours le même : des oranges, mais aussi des papillotes. » Chroniqueur culinaire et auteur, Yves Rouèche a comme beaucoup de Lyonnais une affection particulière pour la papillote. Ce chocolat le plus souvent enveloppé dans un papier doré ou argenté, et accompagné d’un papier portant un message, est la friandise des fêtes en Auvergne-Rhône-Alpes. Et ce depuis la fin du 18e siècle, à en croire l’histoire la plus fréquente qui circule sur sa naissance.
Un commis pâtissier travaillant dans le quartier des Terreaux (Lyon 1er) aurait alors eu l’idée de faire passer des mots d’amour enrobant des chocolats à la jeune femme qu’il souhaitait séduire. Son patron, un certain «Sieur Papillot », s’en serait rendu compte et il se serait vite approprié ce concept. « Même si ce n’est pas vrai, avouez que c’est une jolie histoire », sourit Alain Boucaud-Maître, directeur général de la chocolaterie Voisin, qui fabrique en octobre et novembre deux millions de papillotes à Lyon.
Un chocolat devenu «noble»
La création coup sur coup de deux chocolateries majeures, Voisin (en 1897) et Révillon (en 1898), va contribuer à l’attachement des Lyonnais pour cette friandise. Directeur général de Révillon, Hubert Ducrot estime autour de 1920 la fabrication des premières papillotes par cette emblématique chocolaterie lyonnaise, qui en produit environ 400 millions chaque année. « Dans un passé pas si lointain, ça n’était pas un produit très qualitatif, indique-t-il. C’était destiné uniquement aux enfants. Les produits sont à présent de meilleure qualité, on a fait de la papillote un chocolat noble. » Pour fournir une quarantaine de gammes différentes à la grande distribution, Révillon double quasiment sa taille d’entreprise de juillet à novembre, en faisant appel à près de 150 saisonniers. Typiquement lyonnaise jusque dans les années 1970, la papillote s’étend peu à peu dans presque toute la France. «C’est vraiment le produit incontournable à Noël, tant il est festif et plaisant pour toute la famille», résume Alain Boucaud-Maître. Hubert
Ducrot résume la caractéristique la plus étonnante des papillotes : « Ce ne sont pas des chocolats qu’on offre, mais qu’on dispose dans une coupe au milieu du salon quand on reçoit des invités. Aucun autre chocolat n’a cet usage-là ».
Le succès de cette friandise ne tient pas que dans son chocolat, mais aussi dans le message qui l’accompagne. « Il n’y a jamais de papillote sans sa petite histoire autour, constate Alain Boucaud-Maître. Qu’il s’agisse d’une charade, d’une devinette, d’une maxime lyonnaise ou même d’un pétard, ça égaye les repas de famille. »