De la friture sur la ligne autour du projet de télécabines
Transports Le projet de télécabines, adopté par le Sytral en décembre, divise profondément les maires des communes concernées
Idée novatrice ou échec annoncé ? Ces dernières semaines, diverses voix se sont élevées contre l’opération.
˃ De quoi parle-t-on ?
Il s’agit d’une liaison par câble entre Lyon et une partie de l’Ouest lyonnais, prévue pour 2025. Deux tracés sont à l’étude. Le premier partirait de Francheville, survolerait Sainte-Foy-lès-Lyon pour rejoindre en 19 min la Confluence. Sur le second, une bifurcation serait opérée après Sainte-Foy pour dévier la ligne vers la Mulatière et aller en 21 min jusqu’à Gerland. Cela permettrait de transporter entre 16 000 et 23 000 voyageurs par jour, dans le premier cas, et entre 13 000 et 19 000 voyageurs, dans le second, à raison d’une cabine toutes les 22 s.
˃ Pourquoi l’idée serait novatrice ?
Les détracteurs évoquent le risque de « défigurer le paysage », les partisans saluent une décision audacieuse. En tout cas, cette télécabine offrirait à Lyon une nouvelle identité visuelle. « Cela serait un énorme plus d’un point de vue touristique, appuie Michel Rantonnet, le maire LR de Francheville. D’autre part, si l’on veut agir en matière d’environnement, il faut savoir innover ». « Il y a une saturation dans l’Ouest lyonnais, compte tenu du relief et de l’état des voiries. Plus de 20 000 véhicules transitent quotidiennement par Francheville. En attendant le métro E, il faut bien décongestionner tout cela », plaide-t-il. L’avantage serait les temps de trajets « divisés par deux », selon l’élu.
˃ Quelles sont les difficultés?
Le survol de Francheville ne poserait guère de problème. En revanche, celui de Sainte-Foy sera « plus complexe ». « Il y a de grosses contraintes d’insertion paysagère, souligne Véronique Sarselli, la maire LR de Sainte-Foy. Il va falloir ériger des pylônes de 55 m dans des zones pourtant classées au patrimoine (aqueduc du Gier, tour du Télégraphe) et dans des paysages remarquables. » Véronique Déchamps, la maire de la Mulatière, se dit de « moins en moins emballée ». « Ce téléphérique doit survoler 1300 habitations. Les gens n’ont pas envie de voir passer des nacelles devant leurs fenêtres toutes les 22 s. Ils ont peur que cela déprécie leurs biens. »
˃ Le projet suffira-t-il?
« A elle seule, la télécabine ne suffira pas sur le long terme. La desserte de l’Ouest lyonnais doit également se poursuivre par la réalisation du métro E », avertit Michel Rantonnet. « Il s’agit avant tout d’une desserte locale de proximité. Cette ligne n’est pas pensée pour desservir tout l’Ouest, abonde Véronique Sarselli. Et à ce tarif-là, ça coûte très cher (160-200 millions d’euros) ». Le problème est que cette liaison ne s’accompagne, pour l’instant, d’aucune construction de parcs relais. Et de conclure : « On imagine mal les habitants de Craponne ou Marcy-l’Etoile venir prendre ce téléphérique s’ils n’ont aucun moyen de se garer. »