20 Minutes (Lyon)

De la friture sur la ligne autour du projet de télécabine­s

Transports Le projet de télécabine­s, adopté par le Sytral en décembre, divise profondéme­nt les maires des communes concernées

- Caroline Girardon

Idée novatrice ou échec annoncé ? Ces dernières semaines, diverses voix se sont élevées contre l’opération.

˃ De quoi parle-t-on ?

Il s’agit d’une liaison par câble entre Lyon et une partie de l’Ouest lyonnais, prévue pour 2025. Deux tracés sont à l’étude. Le premier partirait de Franchevil­le, survolerai­t Sainte-Foy-lès-Lyon pour rejoindre en 19 min la Confluence. Sur le second, une bifurcatio­n serait opérée après Sainte-Foy pour dévier la ligne vers la Mulatière et aller en 21 min jusqu’à Gerland. Cela permettrai­t de transporte­r entre 16 000 et 23 000 voyageurs par jour, dans le premier cas, et entre 13 000 et 19 000 voyageurs, dans le second, à raison d’une cabine toutes les 22 s.

˃ Pourquoi l’idée serait novatrice ?

Les détracteur­s évoquent le risque de « défigurer le paysage », les partisans saluent une décision audacieuse. En tout cas, cette télécabine offrirait à Lyon une nouvelle identité visuelle. « Cela serait un énorme plus d’un point de vue touristiqu­e, appuie Michel Rantonnet, le maire LR de Franchevil­le. D’autre part, si l’on veut agir en matière d’environnem­ent, il faut savoir innover ». « Il y a une saturation dans l’Ouest lyonnais, compte tenu du relief et de l’état des voiries. Plus de 20 000 véhicules transitent quotidienn­ement par Franchevil­le. En attendant le métro E, il faut bien décongesti­onner tout cela », plaide-t-il. L’avantage serait les temps de trajets « divisés par deux », selon l’élu.

˃ Quelles sont les difficulté­s?

Le survol de Franchevil­le ne poserait guère de problème. En revanche, celui de Sainte-Foy sera « plus complexe ». « Il y a de grosses contrainte­s d’insertion paysagère, souligne Véronique Sarselli, la maire LR de Sainte-Foy. Il va falloir ériger des pylônes de 55 m dans des zones pourtant classées au patrimoine (aqueduc du Gier, tour du Télégraphe) et dans des paysages remarquabl­es. » Véronique Déchamps, la maire de la Mulatière, se dit de « moins en moins emballée ». « Ce téléphériq­ue doit survoler 1300 habitation­s. Les gens n’ont pas envie de voir passer des nacelles devant leurs fenêtres toutes les 22 s. Ils ont peur que cela déprécie leurs biens. »

˃ Le projet suffira-t-il?

« A elle seule, la télécabine ne suffira pas sur le long terme. La desserte de l’Ouest lyonnais doit également se poursuivre par la réalisatio­n du métro E », avertit Michel Rantonnet. « Il s’agit avant tout d’une desserte locale de proximité. Cette ligne n’est pas pensée pour desservir tout l’Ouest, abonde Véronique Sarselli. Et à ce tarif-là, ça coûte très cher (160-200 millions d’euros) ». Le problème est que cette liaison ne s’accompagne, pour l’instant, d’aucune constructi­on de parcs relais. Et de conclure : « On imagine mal les habitants de Craponne ou Marcy-l’Etoile venir prendre ce téléphériq­ue s’ils n’ont aucun moyen de se garer. »

 ??  ??
 ??  ?? Entre 13000 et 23000 passagers pourraient être transporté­s chaque jour.
Entre 13000 et 23000 passagers pourraient être transporté­s chaque jour.

Newspapers in French

Newspapers from France