Bien maintenir la pression tout en esquissant un bel horizon... L’exécutif joue l’équilibriste
Les annonces de Jean Castex, jeudi, confirment que la stratégie locale reste la règle
Temporiser, encore un peu. Depuis la décision de ne pas reconfiner le pays, fin janvier, l’exécutif maintient ce cap. Ainsi, même si le gouvernement avait placé 20 départements en « surveillance renforcée » la semaine dernière – ils sont désormais 23 –, Emmanuel Macron a choisi de ne pas les confiner le weekend, à l’exception du Pas-de-Calais (lire ci-dessous), comme l’a confirmé le Premier ministre, Jean Castex jeudi soir.
«Il faut donner des perspectives, car il y a une vraie fatigue des Français. »
Une source élyséenne
L’exécutif prête une grande attention à l’acceptabilité des mesures. «Il faut donner des perspectives, car il y a une vraie fatigue des Français», reconnaît une source à l’Elysée. C’est ce qu’a esquissé Emmanuel Macron en répondant à un jeune homme qu’il fallait encore tenir «quatre à six semaines», lors d’un déplacement en Seine-Saint-Denis mardi. «L’exercice n’est pas simple, reconnaît-on à Matignon. Il ne faut pas que l’absence d’annonces concernant certains départements soit perçue comme un “go” pour du relâchement.» Jean Castex a d’ailleurs annoncé jeudi de nouvelles restrictions dans les départements sous surveillance (lire ci-contre). L’importance de ne pas relâcher les efforts devrait donc être répétée au cours des prochaines semaines. L’exécutif estime néanmoins que le fait de placer des départements sous surveillance a un impact sur les comportements des habitants. Mais cette stratégie ne convainc pas entièrement l’opposition. Le député du Nord Fabien Roussel, no 1 du PC, a déploré jeudi sur BFMTV un manque de « lisibilité » nationale de la politique du gouvernement, estimant qu’« on n’y comprend rien ». Au RN, Gilles Pennelle plaide pour une « territorialisation des mesures » dans les deux sens. « Dans les départements où le virus ne circule que très faiblement, pourquoi ne pas aller vers plus de libertés ? Quelle est l’utilité du couvre-feu en Bretagne ? », s’interroge le membre du bureau national, tête de liste RN pour les régionales en Bretagne.
A l’Elysée comme à Matignon, on estime en tout cas que ne pas reconfiner le pays fin janvier était «un bon choix ». « Il n’y a pas eu de troisième vague dévastatrice que certains scientifiques annonçaient », souligne une source à l’Elysée. Un choix qui permet de rendre plus simple l’acceptation de reconfinements localisés le week-end, selon l’exécutif.