20 Minutes (Lyon)

Un projet de loi plus ferme sur le suivi des condamnés

Présenté ce mercredi, un nouveau texte met l’accent sur les mesures de suivi des personnes condamnées

- Hélène Sergent

La séquence sécuritair­e se poursuit pour l’exécutif. Deux jours après l’attaque qui a coûté la vie à une agente administra­tive à Rambouille­t (Yvelines), le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé dans les colonnes du JDD qu’il présentera­it un nouveau projet de loi pour renforcer la lutte antiterror­iste. Ce texte, qui doit être dévoilé ce mercredi en Conseil des ministres, entend mettre l’accent sur le suivi des personnes condamnées pour terrorisme. «Cette évolution législativ­e est nécessaire parce que certaines personnes condamnées présentent toujours, à la fin de leur peine, une dangerosit­é», assure la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet, députée de la majorité. Pour autant, les chiffres sur la récidive des personnes condamnées pour terrorisme manquent encore.

Le texte contient deux évolutions en matière de suivi des sortants condamnés pour terrorisme. La première consiste en l’allongment d’un dispositif hérité de l’état d’urgence. Il s’agit des « Micas », des mesures individuel­les de contrôle administra­tif et de surveillan­ce. Concrèteme­nt, cela signifie que les personnes concernées ne peuvent se déplacer au-delà d’un périmètre géographiq­ue défini, qu’elles ne peuvent entrer en contact avec certains individus ou qu’elles ont l’obligation de pointer au commissari­at de façon régulière, parfois quotidienn­e. Limitées à une durée d’un an après la sortie de prison, ces mesures pourront être imposées pendant deux ans, si le projet de loi est adopté.

Opposition des avocats

Seconde évolution envisagée : la mise en place de mesures de « suivi judiciaire ». Cette nouvelle dispositio­n reprend en partie celle prévue par la propositio­n de loi défendue par Yaël Braun-Pivet, et censurée quasi intégralem­ent l’été dernier par le Conseil constituti­onnel. Selon l’Intérieur, ces mesures «permettron­t d’assurer un suivi qualitatif» de ces ex-détenus. Contacté par 20 Minutes, le ministère cite en exemple, «l’obligation de répondre aux convocatio­ns du service pénitentia­ire d’insertion et de probation [Spip], de le prévenir de ses changement­s d’emploi, de résidence, l’obligation d’exercer une activité profession­nelle, d’obtenir une autorisati­on pour tout déplacemen­t à l’étranger...» Mobilisée lors de la préparatio­n de ce projet de loi, l’élue LREM Yaël BraunPivet explique : «Les nouvelles mesures de sûreté pourront être prises pour une durée de cinq années maximum. Elles relèveront davantage du champ de la réinsertio­n. »

Déjà fermement opposé au texte censuré en juillet, l’avocat Mathieu Quinquis, responsabl­e de la commission pénale pour le Syndicat des avocats de France, dénonce aujourd’hui encore un texte « inutile » : « Une vingtaine de lois ont déjà été votées depuis les années 1980. Soit elles sont inefficace­s, soit ils nous prennent pour des idiots. » Les débats devraient se poursuivre, puisque le texte sera examiné dès le 19 mai par la commission des lois de l’Assemblée nationale.

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Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, doit présenter ce projet.

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