20 Minutes (Lyon)

Lumière sur un sombre destin

Daniel Kaluuya a remporté une statuette pour sa prestation d’activiste charismati­que

- Caroline Vié

Deux oscars, pas moins. C’est ce qu’a remporté Judas and the Black Messiah, de Shaka King, dimanche soir. L’acteur Daniel Kaluuya et la chanson Fight for You de H.E.R. ont été récompensé­s. LaKeith Stanfield, surtout connu pour Sorry to Bother You, est étonnant dans le rôle d’un délinquant contraint d’infiltrer le mouvement des Black Panthers pour échapper à la prison. Mais les votants aux Oscars lui ont préféré son partenaire, cité dans la même catégorie, meilleur acteur dans un second rôle. Il faut dire que Daniel Kaluuya (vu en héros persécuté dans Get Out de Jordan Peele) est éblouissan­t dans la peau de Fred Hampton, leadeur charismati­que décédé en 1969 à l’âge de 21 ans. Il n’est pourtant pas le seul atout de ce deuxième long-métrage passionnan­t du réalisateu­r de Newlyweeds (2013), diffusé en avant-première sur Canal+, puis proposé en VOD dès ce mercredi et en DVD la semaine prochaine.

˃ Un titre parlant. Le titre du film fait bien évidemment référence au traître Judas et au personnage d’un homme pris dans un engrenage et dévoré par la culpabilit­é après avoir été contraint de se retourner contre sa propre communauté. « Je ne souhaitais pas faire un biopic traditionn­el, explique Shaka King dans le dossier de presse. Un thriller autour d’un personnage infiltré me semblait plus intéressan­t. » Le “Messie” évoqué dans le titre était le surnom que J. Edgar Hoover, le patron du FBI, donnait aux activistes qu’il estimait dangereux.

˃ Racisme et politique. Le film prend la forme d’un thriller historique pour commémorer un activiste méconnu en France. Un peu comme l’avait fait Spike Lee pour BlacKkKlan­sman, le réalisateu­r maintient le spectateur en haleine pour délivrer un message antiracist­e toujours bienvenu aujourd’hui. La politique et le suspense font bon ménage tandis qu’il nous replonge dans les années 1960. A l’heure où le mouvement Black Lives Matter prend une ampleur inégalée, c’est une bonne chose de revenir sur un passé douloureux pour qu’il ne se reproduise plus.

˃ Une bonne leçon. Fred Hampton est une personnali­té attachante qui aurait sans doute mené une carrière politique prestigieu­se. « Il a été assassiné avant même qu’on puisse prendre la mesure de l’impact qu’il allait avoir sur la communauté, soupire Daniel Kaluuya. On ne se souvient que des images et de la rhétorique véhiculées par les agences fédérales pour terroriser les gens et précipiter la chute des Black Panthers. » Judas and the Black Messiah n’essaie pas d’attraper les spectateur­s avec du vinaigre pour leur donner une bonne leçon d’histoire. Ce film militant est, avant tout, un divertisse­ment palpitant.

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Daniel Kaluuya a été récompensé pour le rôle de Fred Hampton.

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