Les jeunes, c’est son projet
A un an de la présidentielle, Emmanuel Macron multiplie les mesures et les messages à l’attention des moins de 30 ans. Mais est-il entendu?
Priorité aux jeunes. La situation sanitaire s’améliorant en France, Emmanuel Macron veut donner un coup d’accélérateur à ses actions envers les moins de 30 ans. Ces dernières semaines, tous les filons sont exploités. Celui de la communication sur mesure, avec la diffusion dimanche d’une vidéo avec McFly et Carlito, où l’on voit le président se livrer à un « concours d’anecdotes » avec le duo de youtubeurs. La semaine dernière, le président a rencontré Paul Mayaux, le président de la Fage, première organisation étudiante. « C’était la première fois depuis son élection, commente ce dernier. On a senti qu’il était sensible à l’alerte envoyée par les corps intermédiaires et la société civile, concernant la situation préoccupante des jeunes.»
Le filon de l’action politique est aussi largement exploité. Vendredi, Emmanuel Macron a dévoilé le pass culture doté de 300 € et destiné aux 800 000 jeunes âgés de 18 ans. Fin avril, un simulateur en ligne, baptisé la Boussole, a été lancé pour permettre aux jeunes d’identifier les mesures financières auxquelles ils ont droit. Et la séquence est loin d’être terminée, comme l’indique l’Elysée à 20 Minutes : « Le président fera des annonces à l’attention des jeunes d’ici à l’été.» Selon nos informations, il pourrait s’agir d’une extension de la garantie jeune, c’est-àdire d’une aide de 500 € par mois, octroyée aux moins de 25 ans qui n’ont ni formation ni emploi, avec un accompagnement par les missions locales pour les aider à s’insérer.
Cette volonté d’adresser des signes d’attention à la jeunesse s’inscrit dans un calendrier électoral particulier. « C’est un passage obligé dans une période de précampagne présidentielle, explique à 20 Minutes Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop. D’autant que parler aux jeunes, c’est s’adresser indirectement à leurs parents en les rassurant sur l’avenir de leurs enfants. »
Une stratégie qui semble plutôt porter ses fruits… à première vue. Selon un sondage Ifop pour Le JDD, la cote de popularité d’Emmanuel Macron progresse chez les plus jeunes, avec 51 % d’opinions favorables chez les 18-24 ans, soit 8 points de plus qu’en avril. «Il apparaît comme un président jeune qui se distingue de ses prédécesseurs», commente Frédéric Dabi. Mais, selon Mélanie Luce, présidente de l’Unef, une part non négligeable des 18-24 ans restent critiques vis-à-vis de l’action du chef de l’Etat : «Les jeunes qui font la queue lors des distributions alimentaires demeurent l’angle mort du gouvernement. Emmanuel Macron n’a pas apporté de vraies réponses à la précarité des jeunes, et il a refusé d’ouvrir le RSA aux moins de 25 ans.» Selon Paul Mayaux, les étudiants pourraient aussi reprocher au président une sorte de retard à l’allumage : « Au début de la crise sanitaire, il ne s’est pas beaucoup adressé aux jeunes.» Et, selon le président de la Fage, certaines mesures indispensables n’ont pas été prises : « Il faut revaloriser les bourses étudiantes pour la rentrée prochaine et mettre en place une allocation de rentrée étudiante.»
« Parler aux jeunes, c’est s’adresser indirectement à leurs parents.»
Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop