20 Minutes (Lyon)

« La représenta­tion des femmes change dans les comics»

Dans «Le Règne des superhéroï­nes», l’historienn­e et militante Trina Robbins évoque la lutte pour leur reconnaiss­ance

- Propos recueillis par Vincent Julé

De Wonder Woman 1984 à Birds of Prey en passant par le phénomène WandaVisio­n et le retour de Marvel en salles avec Black Widow, les superhéroï­nes s’imposent en force sur les écrans. Sont également annoncés les séries She-Hulk, Ms. Marvel ou encore le film Batgirl, chez DC Comics. Est-on en train d’assister à un « Règne des superhéroï­nes » ? C’est le titre d’un documentai­re inédit qui a été diffusé lundi sur Toonami – et disponible à la demande. Trina Robbins, autrice, militante et historienn­e, 82 ans, y intervient pour évoquer la place des femmes dans les comics.

Si Wonder Woman est l’une des premières superhéroï­nes, vous aimez rappeler qu’elle est précédée d’une autre, Miss Fury…

Miss Fury est en effet née avant Wonder Woman, ses aventures ont été publiées six mois avant celles de l’Amazone. C’est une superhéroï­ne très intéressan­te, d’abord parce qu’elle est la première créée par une femme, Tarpé Mills. Inspirée par le film noir des années 1940, Miss Fury est l’alter ego de la riche Marla Drake, qui enfile une peau de panthère noire pour rendre la justice. On peut penser un peu à Catwoman.

Toutes les superhéroï­nes n’ont pas servi la cause des femmes, et vous prenez l’exemple de Supergirl…

Elle est la cousine de Superman, a les mêmes pouvoirs que lui, mais n’en fait jamais vraiment la démonstrat­ion.

Le monde a déjà Superman, il n’a donc pas besoin de Supergirl. Les superhéroï­nes, comme les femmes, ont toujours été considérée­s comme secondaire­s. Et puis Supergirl, Invisible Girl… Cela a été longtemps les « girls », les filles, dans les comics, pas les «women», les femmes.

Vous avez été la première femme à dessiner Wonder Woman en 1986, et avez même participé à la création de Vampirella en 1969…

C’était très important pour moi de dessiner Wonder Woman, car je l’adore, je l’admire. Je voulais rendre hommage à l’âge d’or des comics. Pour Vampirella, c’est différent, je n’ai pas vraiment collaboré à la création du personnage, j’ai juste trouvé son costume. Un costume qui a évolué avec les âges, et pas forcément dans le bon sens. Elle avait de moins en moins de tissu sur elle. Je n’ai pas aimé ce qu’ils ont fait d’elle, mais je n’avais pas mon mot à dire.

Miss Hulk, Spider-Woman, Jane Foster en Thor… Que pensez-vous de ces versions féminines de superhéros iconiques ?

Je préfère toujours que les femmes aient leurs propres personnage­s qu’une version féminine de superhéros déjà existants. Pourquoi Miss Hulk ? Pourquoi ne pas faire d’elle une superhéroï­ne à part entière, avec sa propre identité ?

Quelle superhéroï­ne trouve aujourd’hui grâce à vos yeux ?

La nouvelle Miss Marvel, Kamala Khan, une adolescent­e musulmane, est formidable. Et chez DC, il y a aussi Harley Quinn, la farfelue. Je les aime beaucoup toutes les deux. On peut également citer Squirrel Girl et ses pouvoirs foufous. Je suis assez optimiste pour les futures superhéroï­nes, car de plus en plus de femmes travaillen­t dans le comics, en tant que scénariste ou dessinatri­ce. Elles changent la représenta­tion, mais aussi le dessin lui-même.

« Dans les comics, ça a longtemps été les “girls”, pas les “women”. »

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 ??  ?? Harley Quinn (à g.) et Ms. Marvel sont deux superhéroï­nes sur lesquelles mise la spécialist­e du comics, Trina Robbins.
Harley Quinn (à g.) et Ms. Marvel sont deux superhéroï­nes sur lesquelles mise la spécialist­e du comics, Trina Robbins.
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