20 Minutes (Lyon)

Des célébrités au destin changé par la mort d’un parent

Famille La coautrice Karine Dusfour évoque le parcours de célébrités qui ont été confrontée­s à la disparitio­n précoce de leur père ou mère

- Propos recueillis par Delphine Bancaud

Comment grandir lorsqu’un de ses parents est mort ? Dans Grandir avec l’absence (éd. Robert Laffont), sorti récemment en librairie, 13 célébrités* évoquent la perte précoce d’un père ou une mère. Karine Dusfour, qui a écrit avec ce livre Elisabeth Bost, revient sur le parcours atypique de ces personnali­tés.

Plusieurs des témoignage­s de votre livre évoquent le manque de transparen­ce autour de la mort du parent. Comment l’expliquer ?

Le parent restant essaie toujours de bien faire. Mais son souhait d’épargner son enfant l’amène parfois à différer l’annonce de la mort. Certaines personnes n’arrivent pas non plus à dire la vérité. Joann Sfar raconte ainsi que son grand-père voulait qu’il sache la vérité sur la mort de sa mère, mais le père refusait. Au bout de deux ans, il a fini par transgress­er l’interdit pour l’annoncer à son petit-fils.

Tous vos interviewé­s évoquent leur impression, très tôt, d’être différents des autres…

Le fait d’être confrontés à la mort jeunes les singularis­e. Mais, à l’adolescenc­e, ils veulent être comme les autres et ne surtout pas inspirer la pitié. Par conséquent, il faut éviter de leur parler de leur situation devant tout le monde, afin qu’ils ne se sentent pas stigmatisé­s.

Quelle aide pourrait être mise en place pour ces familles ?

Aujourd’hui, l’accompagne­ment scolaire des enfants orphelins est défaillant. Il faudrait mettre en place un protocole de retour à l’école pour que l’informatio­n soit répertorié­e dans le dossier scolaire de l’enfant et qu’un rendez-vous avec le psychologu­e scolaire soit obligatoir­e avant qu’il regagne la classe.

Quels traits de caractère ce drame a-t-il induits dans leur personnali­té ?

La perte d’un parent a généré chez certains une maturité précoce, un surplus de volonté, une sorte d’énergie compensato­ire. Quand un enfant est ainsi exposé à la mort, il sait aussi très vite ce qu’il veut dans la vie. L’avocat Hervé Temime l’évoque en disant : «J’ai transformé ce drame incommensu­rable en une volonté qui m’a fait aller au-delà de moi-même. » Nicolas Batum explique, lui, être devenu basketteur comme son père pour poursuivre son existence.

Mais la douleur ne semble pas s’atténuer avec le temps…

Sarah Biasini [la fille de Romy Schneider] le résume bien : « Je ne m’en remettrai jamais tout à fait. » Chez Jean-Pierre Elkabbach, qui a perdu son père à 12 ans alors qu’il en a 83 aujourd’hui, la douleur est toujours à vif. On ne fait pas le deuil de son parent, quel que soit son âge. Le disparu continue à vivre en soi. * Clémentine Autain, Nicolas Batum, Sarah Biasini, Cali, Antoine Compagnon, JeanPierre Elkabbach, Anne Goscinny, Nicolas Hulot, Serge Klarsfeld, Jean-Georges Malcor, Elie Semoun, Joann Sfar, Hervé Temime.

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Le fait d’être orphelin implique une constructi­on psychologi­que singulière.

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