« “Chernobyl” est comme un thriller»
Directrice de la programmation de M6, Christine Bouillet explique pourquoi la chaîne diffuse ce drame historique à partir de ce jeudi
Succès critique et public, la minisérie Chernobyl a raflé plus de 90 récompenses. Trente-cinq ans après la catastrophe nucléaire, la série de HBO a droit ce jeudi à sa première diffusion sur une chaîne gratuite, M6. Christine Bouillet, directrice de la programmation, explique ce choix.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de programmer la série ?
D’abord, notre émerveillement devant ses qualités artistiques exceptionnelles en termes de reconstitution, de minutie et d’empathie avec les personnages. On a tous été bluffés quand on l’a découverte en 2019. Ensuite, le thème, une catastrophe. Une histoire vraie, c’est toujours plus fort que la fiction. On trouvait que la catastrophe avait encore de la résonance dans nos vies avec le débat sur le nucléaire et la sensibilité des plus jeunes générations aux problèmes écologiques.
Certaines scènes sont choquantes… La série est déconseillée aux moins de 12 ans. On l’a signalé en conséquence, parce qu’on est responsable, on sait qu’il y a un jeune public qui nous regarde. Mais elle donne aussi des leçons pour l’histoire. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? C’est aussi des destins d’hommes et de femmes qui se sont sacrifiés pour permettre à la catastrophe la plus totale d’être évitée et que cela se répande sur l’ensemble de l’Europe. La série a un tel propos et une telle force évocatrice que, une fois qu’on est dedans, Chernobyl se regarde comme un thriller. Pourquoi M6 s’est positionnée sur cette minisérie ?
C’est une série de « pay TV », de plateforme, mais on s’est dit qu’elle avait un sujet suffisamment large pour passer le cap. Sur M6, on a déjà fait une expérience comme cela, l’an dernier, avec Why Women Kill de Marc Cherry, le créateur de Desperate Housewives. Cela nous a donné confiance.
Vous programmez aussi des documentaires sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl…
On a programmé en deuxième partie de soirée, après les épisodes, deux documentaires sélectionnés avec beaucoup de soin. Le 27 mai, on diffuse « La Bataille de Chernobyl », qui date de 2006, et qui a eu beaucoup de récompenses. Les images d’archives sont bluffantes et le propos du documentariste, en référence à la bataille de Stalingrad, est de mettre en avant le sacrifice du peuple russe. Le deuxième soir, nous proposons un documentaire très récent, diffusé en mars sur Channel 5. « Retour à Tchernobyl » suit le journaliste anglais Ben Fogle à Prypiat, la ville évacuée lors de la catastrophe, et dans la centrale, notamment dans le réacteur jumeau avec sa salle des machines, qui n’a pas explosé. Là, on est ébahis par la minutie de la reconstitution de la série. On voit aussi que la vie reprend ses droits làbas. Deux belles soirées complètes.