Les frontières tendent à s’ouvrir entre LR et le RN
Le no 2 des Républicains, Guillaume Peltier, a affirmé porter «les mêmes convictions» que Robert Ménard, proche du RN
Guillaume Peltier a mis les pieds dans le plat biterrois. Le no 2 des Républicains a affirmé, dimanche, porter «les mêmes convictions» que l’élu de Béziers Robert Ménard, proche du RN. « C’est un très bon maire. (…) Echanger, discuter, travailler avec [lui] ne me dérange en rien », a-t-il indiqué sur RTL-Le Figaro-LCI. «Demain, pour rassembler la France, on aura besoin de tous les républicains, tous les patriotes, les hommes et femmes de bonne volonté», a-t-il ajouté, dénonçant le « front républicain» pour mieux renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La déclaration n’a pas manqué de créer des remous à droite.
Le patron des Républicains a réagi le premier. « L’heure n’est pas aux prises de position personnelles qui nuisent à tous, mais à la mobilisation derrière nos candidats, a recadré Christian Jacob, dimanche soir sur Twitter. (…) La seule priorité : jouer collectif.» Mais la sortie semble avoir laissé des traces. « Il y
«Certains essaient de créer une brèche vers l’extrême droite. C’est inacceptable. » Sébastien Huyghe, député LR
a une digue infranchissable avec l’extrême droite, et certains essaient parfois de créer une brèche, c’est inacceptable, estime Sébastien Huyghe, député LR du Nord. Ménard peut apparaître comme une passerelle pour aller vers Le Pen, et Guillaume Peltier a mis un pied sur cette passerelle. Soit M. Peltier sort de la direction du parti et retrouve sa liberté de parole, soit il reste mais fait attention à ce qu’il dit.»
Robert Ménard, partisan historique de l’union des droites, a bien entendu salué le propos, lundi sur BFMTV : « Une nouvelle digue s’effondre. Je rends hommage à Guillaume [Peltier] d’avoir osé dire ce qu’un bon nombre d’élus LR pensent, qu’ils sont plus proches de nous, de moi, que de LREM. » Car le no 2 de LR n’est pas le seul cadre à tenir des propos ambigus sur le RN. Fin avril, Eric Ciotti avait affirmé que ce qui «différencie globalement » son parti du RN était la « capacité à gouverner ». L’élu LR des Alpes-Maritimes, qui a toujours refusé les appels du pied du RN, avait ajouté le 21 mai qu’il ne souhaitait « pas faire de procès d’intention » à l’égard de la formation de Marine Le Pen, disant concevoir « que le RN ait pu évoluer » avec le temps.
« Ce n’est pas l’idée que je me fais de la droite républicaine et gaulliste. Je reste sur la ligne de Chirac et de Sarkozy : ni alliance ni connivence par rapport au FN », souffle la députée LR des Hauts-de-Seine Constance Le Grip. Déjà en campagne présidentielle, Marine Le Pen boit du petit-lait. La patronne du RN n’a pas manqué d’indiquer, la semaine passée, qu’Eric Ciotti ou Nadine Morano pourraient faire de bons ministres si elle était élue présidente en 2022.