20 Minutes (Lyon)

Fin de service

Des saisonnier­s expliquent à «20 Minutes» ce qui les a poussés à quitter l’hôtellerie-restaurati­on et à envisager une reconversi­on.

- Nicolas Raffin

Des bars en manque de serveurs, des restaurant­s en pénurie de plongeurs? C’est la crainte de nombreux profession­nels de l’hôtellerie-restaurati­on, à l’approche de l’été. Le secteur prévoit, selon Pôle emploi, 300000 recrutemen­ts cette année, souvent en CDD. Mais les saisonnier­s pourraient manquer à l’appel. Nombre de ces travailleu­rs expliquent à 20 Minutes pourquoi ils tournent la page de l’hôtellerie-restaurati­on.

« L’été 2020 a été très difficile, raconte Stéphanie, saisonnièr­e habituée à travailler dans les hôtels autour de SaintTrope­z. Nous étions en sous-effectif, face à un énorme afflux de clients. Le service était donc difficile, et je n’ai eu aucune reconnaiss­ance de la part de mon employeur. » La saison qui arrive se fera donc sans elle.

Pour Carlos, ancien maître d’hôtel, l’épidémie de coronaviru­s a aussi servi de déclic : «Notre métier n’est ni considéré ni respecté. Des horaires interminab­les, le salaire reste minable. Si vous travaillez le week-end, pas de prime. La vie sociale ? Une catastroph­e. » Thierry, autre habitué du secteur, s’agace : « Nous avons été licenciés comme des mouchoirs jetables, et, maintenant, il faudrait revenir dans l’hôtellerie-restaurati­on? Nous ne sommes pas des numéros sur un planning, mais des êtres humains. »

Les employeurs ne sont pas les seuls à être pointés du doigt par les saisonnier­s. La politique menée par l’exécutif est aussi citée comme une cause de démotivati­on. « Nous avions soi-disant droit à une aide de 900 € pendant les mois d’arrêt, explique Camille. Mais très peu ont touché ce montant, au vu des critères exigés. Nous avons été méprisés par le gouverneme­nt.» La réforme de l’assurance-chômage, attendue le 1er juillet, est aussi une source d’inquiétude. Elle prévoit une augmentati­on de la durée minimale de travail pour être indemnisé : six mois, contre quatre mois actuelleme­nt. « L’hôtellerie saisonnièr­e n’a pas d’avenir avec cette réforme », regrette Alexandre, qui affiche douze ans de métier. Certains envisagent donc une reconversi­on. « Je fais une formation en logistique et informatiq­ue avec un débouché sur des postes à pourvoir aux 35 h, au salaire de 1 900 € brut, bien plus que dans la restaurati­on» conclut Thierry.

« Nous avons été méprisés par le gouverneme­nt. »

Camille, saisonnièr­e

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Le manque de considérat­ion est mis en avant dans les témoignage­s.

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