Fin de service
Des saisonniers expliquent à «20 Minutes» ce qui les a poussés à quitter l’hôtellerie-restauration et à envisager une reconversion.
Des bars en manque de serveurs, des restaurants en pénurie de plongeurs? C’est la crainte de nombreux professionnels de l’hôtellerie-restauration, à l’approche de l’été. Le secteur prévoit, selon Pôle emploi, 300000 recrutements cette année, souvent en CDD. Mais les saisonniers pourraient manquer à l’appel. Nombre de ces travailleurs expliquent à 20 Minutes pourquoi ils tournent la page de l’hôtellerie-restauration.
« L’été 2020 a été très difficile, raconte Stéphanie, saisonnière habituée à travailler dans les hôtels autour de SaintTropez. Nous étions en sous-effectif, face à un énorme afflux de clients. Le service était donc difficile, et je n’ai eu aucune reconnaissance de la part de mon employeur. » La saison qui arrive se fera donc sans elle.
Pour Carlos, ancien maître d’hôtel, l’épidémie de coronavirus a aussi servi de déclic : «Notre métier n’est ni considéré ni respecté. Des horaires interminables, le salaire reste minable. Si vous travaillez le week-end, pas de prime. La vie sociale ? Une catastrophe. » Thierry, autre habitué du secteur, s’agace : « Nous avons été licenciés comme des mouchoirs jetables, et, maintenant, il faudrait revenir dans l’hôtellerie-restauration? Nous ne sommes pas des numéros sur un planning, mais des êtres humains. »
Les employeurs ne sont pas les seuls à être pointés du doigt par les saisonniers. La politique menée par l’exécutif est aussi citée comme une cause de démotivation. « Nous avions soi-disant droit à une aide de 900 € pendant les mois d’arrêt, explique Camille. Mais très peu ont touché ce montant, au vu des critères exigés. Nous avons été méprisés par le gouvernement.» La réforme de l’assurance-chômage, attendue le 1er juillet, est aussi une source d’inquiétude. Elle prévoit une augmentation de la durée minimale de travail pour être indemnisé : six mois, contre quatre mois actuellement. « L’hôtellerie saisonnière n’a pas d’avenir avec cette réforme », regrette Alexandre, qui affiche douze ans de métier. Certains envisagent donc une reconversion. « Je fais une formation en logistique et informatique avec un débouché sur des postes à pourvoir aux 35 h, au salaire de 1 900 € brut, bien plus que dans la restauration» conclut Thierry.
« Nous avons été méprisés par le gouvernement. »
Camille, saisonnière