Les ados à petites doses ?
La vaccination des 12-15 ans, autorisée à partir du 15 juin, pourrait remporter moins d’adhésion que pour leurs aînés.
Faut-il vacciner les 12-15 ans contre le Covid-19 ? C’est la question à laquelle a répondu favorablement le conseil de défense sanitaire, mercredi. Alors que les Etats-Unis, l’Italie ou Israël l’autorisent pour cette tranche d’âge, Emmanuel Macron a annoncé que les 12-18 ans pourront se faire vacciner à partir du 15 juin. Mais plusieurs raisons pourraient rendre certains parents réticents.
˃ Les traces du scandale de l’hépatite B. Historiquement, « en France, dès qu’on sort un vaccin, en particulier pour les enfants ou les jeunes, c’est le branle-bas de combat, la panique, on n’en veut pas », relève Chantal Maurage, pédiatre. Cette fois, la campagne de vaccination des adolescents contre le Covid-19 pourrait faire écho à celle de 1994 contre l’hépatite B dans les lycées. Après l’apparition de cas de sclérose en plaques et une polémique, l’opération avait été stoppée. « Cet épisode a beaucoup affecté la culture française en matière d’hésitation vaccinale », analyse Caroline de Pauw, sociologue spécialiste des sujets de santé.
˃ La crainte des effets secondaires à long terme. La balance bénéfices-risques n’est pas la même pour des jeunes en pleine santé que pour des adultes de plus de 50 ans. « Il n’y a que Pfizer qui a l’autorisation d’être administré aux enfants de 12 ans, souligne Caroline de Pauw. Il y a donc une crainte des parents sur le fait qu’il puisse y avoir des effets secondaires qui n’auraient pas été prévus, car pas suffisamment évalués encore. »
˃ Une différence importante entre les 12-15 et les 16-18 ans. Le sujet paraît moins sensible pour la catégorie des 16-18 ans que pour celle des 12-15 ans. « Après 15 ans, on ne les contrôle pas, explique Chantal Maurage. Vous ne pouvez pas les empêcher d’aller où ils veulent et de faire des excès. C’est normal. Donc, en les vaccinant, on protège la population d’un risque de dissémination. » «La balance bénéfices-risques rentre clairement en faveur du bénéfice direct et très utilitariste pour un jeune de 16 ans, ajoute Caroline de Pauw. Vers cet âge, l’adolescent est en capacité de faire un choix éclairé et va avoir tendance à aller se faire vacciner, pour retrouver une vie sociale plus rapidement. » Marie de Fournas