Des touristes au nez mais pas à l’oeil
Covid-19 L’exécutif mise sur la gratuité des tests PCR, ce qui pourrait alourdir la dette liée à l’épidémie
«En 2021, les vacances, c’est en France ! » Lors d’un déplacement dans le Lot, Emmanuel Macron a conseillé mercredi aux Français de prendre leurs congés d’été sur le territoire national afin de relancer l’économie. Mais l’exécutif souhaite aussi inciter les touristes étrangers à venir. Avec cette solution, ces derniers pourront bénéficier d’un test PCR gratuit avant de rentrer chez eux. L’objectif? Relancer la saison touristique, mise à mal depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid-19. «C’est un avantage concurrentiel, explique-t-on du côté du ministère de l’Economie. Le fait de savoir que le test sera gratuit en France, alors qu’il coûtera plus de 100 € par personne en Espagne, ça peut faire la différence pour une famille.» La France est le seul pays européen, avec Malte et le Danemark, à proposer cette gratuité. «Magnifique façon de ruiner la Sécurité sociale ! », a dénoncé sur Twitter le président des Patriotes, Florian Philippot, ex-no 2 du Front national. Dans une question à la Commission européenne le 18 mai, l’eurodéputée RN Hélène Laporte avait estimé que, « à 43,20 € le test PCR, la facture pourrait s’élever à 216 millions d’euros pour, par exemple, 5 millions de touristes testés ».
La gratuité pour les étrangers ne pourra qu’alourdir la «dette Covid», mais l’exécutif défend cette stratégie. «Un touriste en France va coûter quelques dizaines d’euros à la France pour son test PCR,
Daniel Fasquelle,
mais il va aussi dépenser dans la restauration, l’hôtellerie, la consommation, dit-on à Bercy. C’est de la TVA en plus. Sans parler de l’importance en matière d’emplois dans ce secteur.»
Le trésorier national de LR, Daniel Fasquelle, s’interroge pour sa part sur la réciprocité d’une telle mesure à l’échelle européenne : « Les Français vont payer deux fois : les tests PCR des étrangers sur notre territoire, et leur propre test à l’étranger. Plutôt que de jouer solo, on devrait proposer que ce coût soit pris en charge par le budget européen. »
Fin avril, le Parlement européen avait plaidé pour la gratuité des tests sur tout le continent, mais les discussions entre Etats n’ont pas réellement avancé. Au cabinet du secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, on assure que la Commission européenne « pourra mobiliser jusqu’à 200 millions pour l’achat de tests ».
«On devrait proposer que ce coût soit pris en charge par le budget européen. »