20 Minutes (Lyon)

Les cosmétique­s font des vagues

Pollution Plusieurs ONG dénoncent l’impact des crèmes solaires sur nos mers

- Elna Hartman

Les beaux jours reviennent et avec eux l’envie de profiter des plages. Fini le masque et les confinemen­ts, place au farniente et aux crèmes solaires. Sauf qu’entre les polluants chimiques et les microplast­iques, ces produits pensés pour protéger la peau finissent dans les océans. Comme d’autres cosmétique­s, ils jouent un rôle important dans la pollution de nos eaux.

Au fond des mers, sur chaque kilomètre carré, pas moins de 70 kg de microplast­iques s’entassent et « 20 % de ces microplast­iques proviennen­t des cosmétique­s », affirme Louise Ras, cofondatri­ce de l’associatio­n Sailing Hirondelle. A ces microparti­cules s’ajoutent les composants de ces produits. Comme les filtres UV utilisés pour plusieurs crèmes solaires, l’octocrylèn­e ou l’oxybenzone. Ces derniers interagiss­ent avec le métabolism­e des coraux et peuvent modifier leur ADN. « Aujourd’hui, il est très difficile de savoir avec exactitude quel produit de la consommati­on courante n’est pas nocif pour les océans », souligne Grégory Voisin, toxicologu­e et fondateur de Toxi Plan.

Conséquenc­es graves

Depuis plusieurs années, WWF tente d’alerter les pouvoirs publics sur le lien entre océans et alimentati­on humaine. En 2019, en partenaria­t avec l’université de Newcastle, en Australie, l’ONG rapportait qu’un être humain ingurgitai­t, en moyenne, 5 grammes de plastique par semaine. « Les plastiques ne polluent pas juste nos rivières et océans, expliquait alors Marco Lambertini, directeur général du WWF Internatio­nal, dans un communiqué. Ils ne tuent pas seulement la vie marine, ils sont en chacun d’entre nous. » D’autant que beaucoup de produits finissent au fond des océans et impactent tous les écosystème­s. « Par exemple, le beurre de cacao des shampoings même bio va détruire l’organisme des poissons à cause du sucre contenu dans le cacao », explique Grégory Voisin. « On sait aussi que les médicament­s ou les hormones de synthèse ne sont pas traités par les stations d’épuration », continue le toxicologu­e. De fait, ces substances se retrouvent dans l’alimentati­on de la faune et dans la flore avant de revenir dans nos assiettes. Cela peut conduire à une acidificat­ion des océans et à des conséquenc­es sur la santé humaine.

En France, il aura fallu attendre 2010 pour que la pollution marine soit définit dans un texte de loi. Au niveau mondial, le GESAMP, rattaché à l’ONU travaille sur les océans et leurs pollutions depuis plus de cinquante ans. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts. De l’eau polluée, le plus souvent…

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De la plage au fond des océans, le chemin est court pour certains polluants...

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