Un couple s’offre une île aux Philippines et s’emploie à en restaurer la faune et la flore marines
En 2011, Frédéric et Chris Tardieu ont acheté une île à l’abandon aux Philippines. Depuis, le couple marseillais s’est lancé dans un vaste projet de restauration de la faune et de la flore locales
J’ai une île, je suis le roi du monde. » Frédéric Tardieu le confesse : c’était l’idée lorsqu’il a acquis en 2011, avec son épouse, Chris, l’île de Pangatalan, aux Philippines. On parle d’un bout de terre de 400 m de long sur 120 m de large, comme il en existe tant dans l’archipel de Palawan.
En 2011, Pangatalan a plutôt mauvaise mine. « Elle appartenait à un diamantaire suisse qui l’avait laissée à l’abandon, raconte Frédéric Tardieu. Et le gardien puisait dans les ressources de l’île pour arrondir ses fins de mois. Les arbres étaient coupés pour vendre du bois, la pêche à la dynamite était pratiquée dans le récif corallien. »
Les quatre premières années, le couple marseillais s’attelle à restaurer la flore de l’île. Puis, en 2015, un groupe de biologistes marins explique aux propriétaires de Pangatalan tout ce qu’ils pourraient y faire. Car aux 4,5 ha terrestres de Pangatalan s’ajoutent 45 ha de fonds loin d’être dans leur meilleure forme. Le couple fait alors appel à Thomas Pavy, jeune biologiste marin.
Ensemble, ils mettent en place leur méthode de bouturage de coraux : le Sulu-Reef-Prosthesis. Elle consiste à immerger des supports en béton non polluant sur lesquels sont fixés des bouts de coraux cassés récupérés sur les récifs alentour. Environ 2 500 greffes sont réalisées. Et ça marche. « Des polypes venus de coraux voisins viennent naturellement se fixer dessus, se réjouit Frédéric Tardieu. En deux années, nous avons restauré un récif sur 400 m de long pour autant de large. » Avec Ecocean, entreprise montpelliéraine qui a mis au point une méthode d’aide à la reproduction des poissons, le couple repeuple aussi les fonds marins. Ce retour en fanfare de la nature à Pangatalan commence à se savoir. La Fondation Sulubaaï, que Frédéric et Chris Tardieu ont créée, collectionne les récompenses depuis 2018. Et après que l’Unesco a publié un article sur leur technique de restauration des coraux, « on reçoit régulièrement des chercheurs du monde entier », se félicite Frédéric Tardieu.
« En deux années, nous avons restauré un récif sur 400 m de long. » Frédéric Tardieu, propriétaire de l’île