Jadot en Vert solitaire vers la présidentielle ?
À une dizaine de jours du premier tour de la primaire écologiste, les sondages semblent favorables au député européen
Va-t-il obtenir un ticket vert pour la présidentielle ? L’eurodéputé Yannick Jadot fait partie des cinq candidats à l’investiture écologiste pour l’élection présidentielle. Le premier tour de la primaire, ouverte à l’ensemble des sympathisants écologistes, aura lieu du 16 au 19 septembre. Ce dimanche, il s’est déjà confronté à ses concurrents (Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Éric Piolle et Sandrine Rousseau) lors du premier débat, organisé par France Inter et France Info. « Il s’est un peu détaché des autres par son ton posé, très professionnel », commente Daniel Boy, directeur de recherche émérite au Centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof ) et spécialiste de l’écologie politique en France. Une sérénité affichée sans doute en lien avec le signal positif reçu samedi : un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Info et Le Parisien indiquait que 69 % des sympathisants EELV estimaient qu’il serait le meilleur candidat écologiste en vue de l’élection présidentielle de 2022. « Ce résultat est fortement corrélé au degré de notoriété de Yannick Jadot, analyse Simon Persico, professeur en science politique à Sciences po Grenoble. Les quatre autres candidats sont pour l’instant moins bien connus. » Le même jour, le député écologiste (ex-LREM et proche de Nicolas Hulot) Matthieu Orphelin lui a apporté son soutien, déclarant que Yannick Jadot était « celui qui aujourd’hui incarne le mieux une écologie ouverte, une écologie qui parle au plus grand nombre, une écologie qui rassemble ».
« C’est souvent le plus connu qui perd »
Sauf que l’histoire politique est peuplée de leadeurs qui ont fini outsideurs. Et que les primaires regorgent de surprises : « En 2011, Nicolas Hulot avait été battu par Eva Joly, considérée pourtant comme moins légitime par le grand public et les médias, rappelle Simon Persico. Idem en 2016, où Cécile Duflot a été éliminée au premier tour. C’est souvent le candidat le plus connu qui perd la primaire. Je me garderai de la moindre prédiction. »
Autre raison de l’incertitude qui plane sur les résultats de la primaire, selon Daniel Boy : « Les 35 000 à 40 000 personnes qui s’y sont inscrites ne sont pas toutes des sympathisants EELV [il y aura aussi des adhérents de Génération-s, du Mouvement des progressistes, de Génération écologie et de l’Alliance écologiste indépendante]. Du coup, les participants auront des positionnements politiques différents, et il est difficile de savoir vers qui ils pencheront. »
La question des alliances
Les candidats se démarquent surtout par leur positionnement politique. « Jadot représente d’une certaine manière la droite des Verts, relève Simon Persico. Certains militants écolos lui reprochent d’avoir participé à la manifestation des policiers en mai à Paris. Et il n’est pas prêt à défendre une alliance avec LFI, son regard porte plus vers le PS. Alors que Sandrine Rousseau est davantage positionnée à gauche et Éric Piolle représente le barycentre. Quant à Delphine Batho et Jean-Marc Governatori, ils représentent plutôt les environnementalistes. »