Vingt ans que personne ne profite de la carte illimitée
Les cartes illimitées ont changé les comportements des usagers dans les salles obscures
Dix ans que l’illimité au cinéma s’est vraiment répandu en France. Une fois le contrat signé, pour le prix d’environ deux places payées pour le mois (21,90 € chez UGC, 23,50 € chez Gaumont-Pathé), c’est parti pour squatter le cinéma allègrement. Le squatter, oui. Allègrement, au début, certes. Pour voir des films, là, c’est beaucoup moins sûr. Une fois sa carte illimitée en poche, difficile de faire coller la réalité avec ce qu’on avait imaginé.
Pouvoir marketing magique
Le système de forfait évite à Morgane, une internaute de 20 Minutes, de limiter ses sorties à cause du prix de la place : « Avec mon copain, on voit environ un film par semaine depuis un an. Il nous est arrivé de ne pas y aller pendant plusieurs mois, mais on reste gagnant financièrement. » D’autres ont trouvé un emploi complètement différent à leur carte illimitée. « J’utilise ma carte à 90 % pour aller voir des films qui me plaisent, mais quand j’ai vraiment envie de dormir, je choisis un film qui ne fait pas appel à mes neurones ni à ma concentration », explique Maxime. Il n’a pas de problème non plus pour ne voir qu’une heure d’un film quand il a peu de temps, quitte à y retourner s’il a aimé. « Le mot “illimité“a un pouvoir marketing magique, quand il est inscrit sur une carte, on se dit qu’on peut tout faire avec, explique Emmanuel Ethis, professeur de sociologie du cinéma à l’université d’Avignon. Les statistiques [tenues secrètes par les exploitants] montrent que les premiers mois entraînent une utilisation saturée, un rythme effréné. Puis les gens sont rattrapés par le temps et reviennent à la base de leur pratique. » Antoine en est la preuve vivante. « J’ai pris une carte quand j’étais au chômage, car j’avais beaucoup de temps libre, raconte le jeune homme. J’ai retrouvé un emploi et depuis quatre mois, je n’ai pas remis les pieds dans un cinéma. Je sais que je devrais l’annuler pour ne pas payer pour rien, mais je crois toujours que je vais retourner au cinéma le mois suivant et rentabiliser mon abonnement. »