Le racket sur les chantiers en procès
Gros bras des quartiers Nord face aux entrepreneurs du BTP. Huit prévenus
comparaissent à partir de ce lundi à Marseille dans un dossier de racket d’entreprises du bâtiment. Parmi eux, quatre hommes se sont attaqués à un gros morceau : l’un des plus importants chantiers de construction de la décennie à Marseille, la rocade autoroutière L2. Ils comparaissent pour extorsion, au préjudice de Bouygues notamment, soupçonnés d’avoir exigé des embauches, sans quoi le chantier ne pourrait pas continuer. L’affaire commence le 26 janvier 2015, à proximité de la cité Picon-Busserine, par l’incendie spectaculaire d’engins de chantier dont une foreuse sophistiquée de la société Bouygues Travaux Publics, une machine quasi unique en Europe. Préjudice : 2 millions d’euros. Troublante coïncidence, trois jours plus tard, le responsable de ce chantier de la L2 reçoit un devis de la société Télésurveillance Gardiennage Intervention pour assurer la sécurité des lieux. Brisant le silence qui entoure ce type de délits, un ingénieur de Bouygues porte plainte. Dans ce dossier, près de 500000 € ont été saisis au total, sur une quinzaine de comptes. Outre le volet extorsion, les prévenus devront répondre d’une multitude de délits financiers : les sociétés ne payaient pas d’impôts, réglaient les salaires en liquide et ne disposaient d’aucune habilitation. Pour le tribunal de Marseille, ce procès doit être une vitrine de la lutte contre le racket sur les chantiers. Le parquet en a fait l’une de ses priorités.