Le loup pourrait ne plus y être
Des chercheurs craignent que l’abattage des prédateurs remette en cause leur survie
Il serait responsable de la mort de sept brebis dans la Nièvre début janvier. Il aurait été aperçu également à deux reprises près de Cannes depuis mi-février, mais aussi dans le sud-ouest de la Marne le 15 mars… Disparu au milieu des années 1930, le loup a fait son retour dans l’Hexagone en 1992. L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), chargé du suivi de l’espèce, l’observe de façon récurrente dans les massifs alpins, la Lorraine, le Massif central et à l’est des Pyrénées. Et il étendrait son aire de présence de 10 % par an, note un rapport, publié vendredi, par quatorze chercheurs missionnés par le ministère de l’Environnement pour établir une stratégie de préservation du loup en France à l’horizon 2025-2030. Mais tout ne va pour le mieux pour lui. L’étude évalue effectivement entre 2 500 et 5 000 le nombre d’adultes nécessaires pour assurer sa viabilité à long terme en France. Avec une population qui stagne autour des 300 individus depuis 2014, on est loin du compte.
La pression des éleveurs
Madeline Reynaud, directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), met en cause la hausse des prélèvements. Chaque année, l’Etat fixe un nombre maximal de loups pouvant être tués du mois de juillet au mois de juin de l’année suivante pour endiguer les attaques de bétail. Ce plafond était de 24 pour la saison 2014-2015. Il a grimpé à 36 pour les deux dernières saisons. Or, « si les données 2017 stagnent ou baissent, cela voudra dire alors que nous ne pourrons pas tuer davantage de loups au risque de remettre en cause la viabilité de l’espèce », estime Yvon Le Maho, écophysiologiste qui a participé au rapport. L’Etat jouera-t-il la prudence? Madeline Reynaud en doute : « Deux arrêtés ministériels sont en préparation pour relever le quota de quatre loups supplémentaires. » Claude Font, de la Fédération nationale ovine, espère l’adoption de ces deux arrêtés dès mai. « Le nombre d’attaques sur nos élevages ne cesse d’augmenter », justifiet-il. En 2016, elles étaient au nombre de 2800, contre 1500 en 2011. Mais, si les attaques comme les prélèvements augmentent, la question de l’efficacité des abattages doit être posée. « Ils fragilisent les meutes, glisse Yvon Le Maho, poussant les loups à se rabattre sur des proies d’élevage, plus faciles d’accès que le gibier sauvage. » Le ministère a formé un groupe de travail pour plancher sur d’autres solutions afin de se prémunir de ces attaques. « Les éleveurs y participent activement, rappelle Claude Font. Tant mieux si des techniques non létales émergent, mais aucune ne marche sur le long terme. »