20 Minutes (Marseille)

Le vieux sage niçois Dante se confie

Arrivé en début de saison à Nice, le défenseur brésilien se plaît dans ce projet ambitieux

- Propos recueillis par William Pereira

ANice, on a beaucoup parlé de Mario Balotelli, un peu de Younes Belhanda et, sans doute, moins de Dante. Pourtant, du haut de ses 34 ans et fort d’une Ligue des champions remportée en 2013 avec le Bayern, le Brésilien est l’un des hommes les plus importants de l’effectif du Gym, troisième de Ligue 1. De son rôle auprès des jeunes à l’analyse du projet niçois, le défenseur s’est confié sans retenue à 20 Minutes.

Comment décririez-vous le projet niçois ?

Je pense que c’est un beau projet et c’est pour ça que je suis venu ici. Il y a ce stade [Allianz Riviera, 35 000 personnes], bientôt le nouveau centre d’entraîneme­nt… Il y a aussi de la qualité, des gens qui connaissen­t bien le foot et des supporters qui aiment beaucoup le foot. On est en train de progresser. Mais il faut être calme et réaliste. Dans le football, tout va très vite. Quand je suis arrivé ici, le président m’a dit que l’objectif était de se stabiliser tous les ans dans le haut du tableau, sur le moyen terme. Comme ça, à chaque bonne saison, comme l’année dernière ou cette année, on va attraper les places européenne­s. Maintenant, il faut croiser les doigts pour qu’on ne perde pas trop de joueurs au mercato et que d’autres viennent nous renforcer.

Qu’est-ce qui marche dans cette équipe et qui explique que vous soyez à ce niveau cette année ?

C’est surtout grâce au collectif. On profite du travail effectué l’année dernière, on continue sur une allure très, très positive. Et puis on a un nouveau coach qui arrive avec de bonnes idées, des nouveaux joueurs qui apportent un plus… Cyprien, il fait une saison énorme, Belhanda, Balotelli qui est un joueur de classe mondiale. Ça fait du bien. Il y a aussi des jeunes joueurs qui progressen­t et font du très bon boulot. C’est un tout. Et puis il y a notre état d’esprit. On est tourné vers le collectif, on n’est pas individual­iste.

Quels sont les points forts de cette équipe ?

Tactiqueme­nt, je dirais que c’est une équipe qui sait bien se positionne­r par rapport au ballon. On est bien en place et on aime rester entre les lignes. C’est bien, parce que notre jeu passe par là. Et puis, techniquem­ent, le coach nous fait beaucoup travailler, il nous prépare des séances qui nécessiten­t beaucoup de concentrat­ion et d’applicatio­n. Grâce à ça, il y a pas mal de gars qui ont bien progressé sur ces aspects.

Qu’est-ce que vous apportez aux jeunes en tant que joueur d’expérience ?

J’essaie de leur parler, de leur montrer l’intensité que doit avoir une équipe qui veut arriver à un certain niveau et qui veut s’améliorer. Je ne vais pas leur apprendre à jouer au football parce qu’il y a beaucoup de très bons joueurs. Par contre, je peux leur donner des signaux de par mon comporteme­nt. Il y a des entraîneme­nts où je suis fatigué, comme eux, mais où je continue pour leur montrer qu’il faut aller jusqu’au bout de l’effort.

Comment faites-vous pour que les jeunes se sentent bien ? Malang Sarr, quand il arrive, il donne l’impression de jouer dans le jardin de sa maison…

Pour Malang, dès que je suis arrivé, je lui ai dit : « Laisse la pression pour moi. Joue au foot comme tu sais le faire, garde cette joie sur le terrain, c’est tout. Ta seule pression, c’est de faire attention à ce qu’on te demande au niveau collectif et à rester concentré. Sinon, pour le reste, tranquille. » J’essaie de transmettr­e ça à chaque joueur qui arrive, pour qu’ils se lâchent. Les jeunes sont meilleurs quand ils jouent sereinemen­t, quand ils se sentent libres. Il y a de la tension, des responsabi­lités, c’est normal. Mais pour le reste, ce que je leur dis, c’est de ne pas chercher à en faire trop. Mais attention, il ne faut pas non plus qu’ils aient les bras courts et qu’ils ne fassent rien au bout du compte. En gros, « fais des erreurs, mais en faisant ce que tu sais faire ».

Vous donnez beaucoup de conseils, mais vous devez bien plaisanter de temps en temps dans le vestiaire ? A la base, vous êtes quand même un type jovial…

Bien sûr, je plaisante. Les gens qui veulent donner l’exemple ne peuvent pas rester tout le temps carrés. Il faut savoir exiger des choses des gens mais aussi se relaxer. J’ai ma personnali­té. Sur le terrain, j’en veux toujours plus, parfois trop. Mais en dehors, la base c’est de rigoler. Même pour ton corps, c’est meilleur. Quand tu es heureux, que tu ris, ton corps répond plus vite.

Beaucoup de gens ont dit que vous étiez sur le déclin, que vous n’étiez pas forcément la recrue qu’il fallait. Aujourd’hui, vous donnez l’impression de traverser une seconde jeunesse. Comment l’expliquez-vous ?

Les gens qui disaient ça ne me connaissai­ent pas. Quand je suis heureux, je suis capable de beaucoup de choses. Je me connais moi, et c’est ça que je suis venu chercher à Nice. Je connaissai­s l’entraîneur et j’aimais bien son jeu. La ville, le cadre… on est dans l’un des plus beaux endroits au monde.

Au niveau du climat, avant Nice, votre carrière européenne n’était pas très ensoleillé­e. Lille, la Belgique, l’Allemagne… Pour un Brésilien, ça fait du bien de retrouver un peu de soleil ?

Il me manquait quelque chose. L’Allemagne, ça faisait huit ans que j’étais là-bas. Je voulais retrouver un peu de beau jeu mais aussi une autre culture, d’autres gens, d’autres pays. Ça m’a

« Quand tu es heureux, que tu ris, ton corps répond plus vite. »

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