Les candidats ont leur recette pour l’emploi
Les deux candidats misent sur des leviers différents pour enrayer le chômage des Français
La publication des chiffres du chômage, qui a eu lieu mercredi soir, ne manquera pas d’être commentée, à dix jours du second tour de la présidentielle. Si, entre mars 2016 et mars 2017, on comptait 31 900 chômeurs de moins inscrits en catégorie A, sur le quinquennat (mai 2012mars 2017), ils ont été quasiment 600000 de plus à grossir les rangs de Pôle emploi. Emmanuel Macron et Marine Le Pen proposent bien évidemment des mesures pour redonner du travail aux 3,46 millions de chômeurs (de catégorie A) que compte le pays. Les deux finalistes de la présidentielle entendent avant tout diminuer le coût du travail. Emmanuel Macron promet, par exemple, de supprimer les cotisations salariales d’assurance-chômage et maladie et de les remplacer par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). « Selon nos calculs, le gain net pour un salarié au Smic sera de 900 € par an », avance Erwann Tison de la fondation Concorde, un think tank libéral. Un gain de pouvoir d’achat qui pourrait ensuite servir à doper l’économie française.
Flous sur l’apprentissage
Marine Le Pen, elle, propose un allégement des charges sociales des TPEPME – sous condition d’un maintien des emplois. Elle prévoit également une « taxe » sur les salariés étrangers pour favoriser l’embauche de travailleurs français. Mais, « si on raisonne uniquement sur les personnes qui résident en France, cette taxe ne va pas créer d’emploi, affirme Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Cela pourrait même créer des contraintes pour les entreprises qui auraient alors du mal à recruter dans certains secteurs. » Pour Bruno Coquet, docteur en économie et auteur de Un avenir pour l’emploi.
Sortir de l’économie administrée (Ed. Odile Jacob, à paraître le 3 mai), « il pourrait y avoir aussi des mesures de rétorsion des autres pays envers les travailleurs français ». Les deux candidats veulent, de même, développer l’apprentissage et l’alternance, sans avancer ni l’un ni l’autre de montant précis. « Le problème, détaille Bruno Coquet, est que l’apprentissage a subi un coup d’arrêt à partir de 2010 : 80 % de la baisse du nombre d’apprentis a concerné la construction. Ensuite, on remarque que de plus en plus d’apprentis ont déjà le bac. Il faudrait un recentrage vers ceux qui ne l’ont pas eu et qui sont exclus du système scolaire. »