Des chefs réfugiés tiennent la recette de l’intégration
Des chefs réfugiés vont investir les cuisines de restaurants marseillais pendant une semaine
Mohamed Saleh et Mohamed ont un peu la pression. Ils vont devoir gérer tous les deux la cuisine de l’Ambassade de Bretagne, un restaurant des Docks. C’est sur l’initiative du Refugee food festival que cette occasion leur est offerte. « Cette année, l’événement se déroule dans cinq villes françaises et dans cinq villes européennes, autour du 20 juin, pour la Journée mondiale des réfugiés », explique Jérôme Raffaelli, coordinateur de l’événement à Marseille. L’idée est de créer un binôme entre des chefs réfugiés et le chef d’un restaurant marseillais, pour proposer un savant mélange des deux cultures aux clients. A Marseille, cinq restaurants accueillent du 17 au 23 juin des chefs réfugiés, dont l’Ambassade de Bretagne. « On n’a pas eu de difficulté pour trouver des restaurateurs. On a plutôt dû en refuser parce qu’on n’a pas trouvé assez de chefs réfugiés », précise Jérôme Raffaelli. Certaines conditions étaient nécessaires. « Il faut qu’ils aient le statut de réfugiés pour être salariés. Et il est nécessaire qu’ils aient été cuisiniers dans leur pays. » Les initiateurs du projet ont travaillé main dans la main avec le HCR, l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, et d’autres associations locales.
Expérience et réseau
Le but, permettre aux réfugiés de faire découvrir leur cuisine bien sûr, mais aussi leur redonner confiance. « C’est très important de pouvoir les remettre en selle. Ça va leur donner une expérience, et leur permettre de créer un réseau », explique Wiebke Nest, coordinatrice de l’événement pour l’Ambassade de Bretagne. Mohamed Saleh admet qu’il est très difficile de trouver du travail depuis qu’il est arrivé en France il y a deux ans. « On a de l’expérience, mais on ne peut pas la prouver. Et on n’a pas de diplôme, alors qu’ici les gens ont des CAP ou des BEP. » Avec son collègue Mohamed, ils vont marier la cuisine soudanaise à la cuisine bretonne. « Ils nous ont proposé des recettes, on les a testées et on a retenu ce qui marchait bien », raconte Jordan Piaget, le chef de l’Ambassade de Bretagne. Si les deux Mohamed sont ravis de pouvoir découvrir l’exigence d’une cuisine professionnelle en France, Jordan Piaget l’est tout autant : « Ça me permet de mieux connaître la cuisine exotique. Et c’est une super aventure humaine. » Une expérience si enrichissante qu’il pense déjà à la renouveler.