20 Minutes (Marseille)

Des chefs réfugiés tiennent la recette de l’intégratio­n

Des chefs réfugiés vont investir les cuisines de restaurant­s marseillai­s pendant une semaine

- Adrien Max

Mohamed Saleh et Mohamed ont un peu la pression. Ils vont devoir gérer tous les deux la cuisine de l’Ambassade de Bretagne, un restaurant des Docks. C’est sur l’initiative du Refugee food festival que cette occasion leur est offerte. « Cette année, l’événement se déroule dans cinq villes françaises et dans cinq villes européenne­s, autour du 20 juin, pour la Journée mondiale des réfugiés », explique Jérôme Raffaelli, coordinate­ur de l’événement à Marseille. L’idée est de créer un binôme entre des chefs réfugiés et le chef d’un restaurant marseillai­s, pour proposer un savant mélange des deux cultures aux clients. A Marseille, cinq restaurant­s accueillen­t du 17 au 23 juin des chefs réfugiés, dont l’Ambassade de Bretagne. « On n’a pas eu de difficulté pour trouver des restaurate­urs. On a plutôt dû en refuser parce qu’on n’a pas trouvé assez de chefs réfugiés », précise Jérôme Raffaelli. Certaines conditions étaient nécessaire­s. « Il faut qu’ils aient le statut de réfugiés pour être salariés. Et il est nécessaire qu’ils aient été cuisiniers dans leur pays. » Les initiateur­s du projet ont travaillé main dans la main avec le HCR, l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, et d’autres associatio­ns locales.

Expérience et réseau

Le but, permettre aux réfugiés de faire découvrir leur cuisine bien sûr, mais aussi leur redonner confiance. « C’est très important de pouvoir les remettre en selle. Ça va leur donner une expérience, et leur permettre de créer un réseau », explique Wiebke Nest, coordinatr­ice de l’événement pour l’Ambassade de Bretagne. Mohamed Saleh admet qu’il est très difficile de trouver du travail depuis qu’il est arrivé en France il y a deux ans. « On a de l’expérience, mais on ne peut pas la prouver. Et on n’a pas de diplôme, alors qu’ici les gens ont des CAP ou des BEP. » Avec son collègue Mohamed, ils vont marier la cuisine soudanaise à la cuisine bretonne. « Ils nous ont proposé des recettes, on les a testées et on a retenu ce qui marchait bien », raconte Jordan Piaget, le chef de l’Ambassade de Bretagne. Si les deux Mohamed sont ravis de pouvoir découvrir l’exigence d’une cuisine profession­nelle en France, Jordan Piaget l’est tout autant : « Ça me permet de mieux connaître la cuisine exotique. Et c’est une super aventure humaine. » Une expérience si enrichissa­nte qu’il pense déjà à la renouveler.

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Mohamed Saleh, Mohamed, un employé, le chef Jordan (de gauche à droite).

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