La météo les botte
S’enquérir de la météo permet aux plus jeunes de se rassurer et de s’ouvrir au monde
Chaque jour, la pluie et le beau temps alimentent les conversations des plus petits. Le sujet est loin d’être anodin et joue, à plus d’un titre, un rôle dans leur vie.
La rentrée des classes a sonné le retour de la sempiternelle question : « Comment je m’habille pour aller à l’école ? » Pour y répondre, les parents ont aujourd’hui à leur disposition une foule d’applications. Lorsqu’ils ne sont pas devancés par leurs enfants eux-mêmes. Aurélie raconte que, lundi, comme tous les matins, sa fille de 5 ans, Louison, s’est précipitée sur son smartphone pour savoir s’il y aurait de la pluie et ainsi choisir ses vêtements en fonction du temps prévu. Mais la mère de famille s’est aussi aperçue que, depuis que la famille avait emménagé à Paris, son enfant s’était « raccrochée à la météo, parce que c’est quelque chose qu’elle peut maîtriser sur sa nouvelle vie, qui lui permet d’être à l’aise dans sa ville ». Membre du réseau perception et climat de l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS), Anouchka Vasak souligne que « les enfants aiment que les choses soient à leur place. La régularité est extrêmement rassurante, comme les saisons que l’on retrouve dans la littérature enfantine. » Pour la spécialiste, qui a participé avec Alain Corbin à un livre référence sur la question*, « dans la société, la météo a une fonction plus importante que l’on croit, elle permet d’établir un contact. Avec les moyens de communication modernes, nous sommes tous devenus des “météosensibles”. »
Un support d’apprentissage
Pour ce qui est des écoliers, la météo occupe une place importante. « Elle fait partie des supports d’apprentissage, révèle Julie, enseignante à Toulon. Elle permet de se repérer dans le temps et, pour certains collègues, elle participe des rituels du matin : “Combien sommes-nous aujourd’hui ?” “Quel jour est-on ?” » En maternelle, dont l’objectif, entre autres, est le développement du langage, elle est l’occasion d’acquérir le vocabulaire du quotidien, d’observer la nature, le rythme des saisons… « La météo est un prétexte utilisé par les enseignants pour aborder la démarche scientifique », indique Philippe Boissel, directeur du centre Météo France de Bourges et correspondant éducation. Et, lorsqu’il reçoit des classes, la question des phénomènes naturels et extrêmes revient aussi régulièrement. « On essaie alors de leur expliquer l’attitude citoyenne qu’il faut avoir notamment lorsqu’il y a des alertes », poursuit le spécialiste. Mais aussi de rebondir sur la question plus vaste du changement climatique. * La Pluie, le soleil et le vent, une histoire de la sensibilité au temps qu’il fait (Aubier).