La cigarette, un écran de fumée?
« 20 Minutes » a demandé à des acteurs d’évoquer leur rapport à la clope sur les tournages
Ouf, le cinéma français respire. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré mercredi qu’elle n’avait jamais envisagé d’interdire les cigarettes dans les films. Une nouvelle rassurante pour le septième art tricolore qui n’est pas prêt à se sevrer de nicotine, car 80 % des longs-métrages français les plus vus entre 2005 et 2010 montraient des objets liés au tabac, souligne une étude Ipsos. a voulu savoir comment les acteurs appréhendent cet accessoire sulfureux. « A partir du moment où on fait les choses dans la vie, il faut les faire à l’écran. On ne peut pas tout passer à la moulinette du politiquement correct », affirme d’emblée Jean-Baptiste Shelmerdine. Le comédien, vu au cinéma dans et à la télévision dans « Nos chers voisins », ajoute : « Comme dans la vie, un personnage peut fumer
20 Minutes Potiche
par habitude, par nécessité, utiliser cela comme un truc pour se calmer. » Arthur Dupont
(Bus Palladium, Maintenant ou jamais,
etc.) complète : « Si un personnage allume clope sur clope, cela dit quelque chose de lui. »
Accessoire indispensable L’Apollonide
Alice Barnole, repérée dans
et – dans lequel Gaspard Ulliel fume beaucoup – de Bertrand Bonello, met en avant les « contextes » où la cigarette est primordiale : « Dans les années 1960 ou 1970, il y avait de la fumée partout. Dans un film policier, c’est presque un accessoire indispensable. » Mais la comédienne reprend : « La cigarette ne doit pas pallier le manque de charisme d’un acteur. S’il fume à l’écran pour se donner une contenance, cela témoigne de la faiblesse de son interprétation ou du scénario. » On pense à l’intérêt des bouffées de nicotine entre deux répliques pour la
Saint Laurent
mise en scène, mais on songe peu au casse-tête des accessoiristes. « Selon l’époque à laquelle se déroule la scène, il faut utiliser telle ou telle marque, parfois couper les filtres et, au cas où il y ait plusieurs prises, toujours s’assurer que ce soit raccord. Cela fait perdre un temps fou », note Alice Barnole. Ne pas se soucier de la combustion de sa
TÉLÉVISION
sèche, cela arrangerait bien l’actrice, qui est en train d’arrêter de fumer. « Je galère tellement que je ne sais même pas comment ça va se passer si, pour un rôle, je dois cloper comme un pompier, s’amuse-t-elle. Bon, parfois, il suffit de l’allumer, on n’est pas obligé de tirer dessus. La fumée suffit à créer une atmosphère. »
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