Les jeunes aussi aspirent à plus d’autonomie
La percée nationaliste lors des territoriales corses est en partie due au vote des jeunes
Vague nationaliste en Corse. Dimanche, la liste d’union Pè a Corsica (Pour la Corse), qui rassemble les autonomistes de Gilles Simeoni et les indépendantistes de JeanGuy Talamoni, est arrivée largement en tête au premier tour des élections territoriales avec 45,36 % des voix. Cette percée s’explique en partie par « la dynamique importante chez les jeunes, qui ont une place centrale dans le nationalisme corse », assure André Fazi, maître de conférences en science politique à l’université de Corse.
Une parole « libérée »
« Ici, quand on est jeune, on a déjà vu passer des gens de droite, de gauche. Mais ce qu’on attend n’arrive jamais, expose Barthélémy, 27 ans, qui habite un petit village proche d’Ajaccio. Moi, j’ai toujours voté nationaliste. Car j’ai envie de vivre ma culture, de parler ma langue. Ce sont des choses primordiales. » Pascal, de Ville-di-Pietrabugno, en Haute-Corse, précise : « Non seulement Paris rejette les propositions votées par l’Assemblée de Corse, mais également celles de nos députés » élus en juin. Pourtant, s’agace le jeune homme, « les lois comme la reconnaissance de la co-officialité de la langue ou la mise en place d’un statut de résident corse sont indispensables ». La revendication culturelle n’est pas nouvelle, mais le succès des nationalistes peut s’expliquer aussi par le « délitement des structures traditionnelles, qui s’appuyaient sur la famille et les réseaux d’élus municipaux et départementaux, estime André Fazi. Face à elles, les nationalistes s’appuient sur une force militante très nombreuse, avec un leader très rassurant et maîtrisant très bien la communication, les réseaux sociaux. » Pour Ange Chiodi, président du syndicat étudiant Cunsulta di à Ghjuventu Corsa (Conseil de la jeunesse corse), « depuis 2010, la Corse a connu de grands événements politiques. Il y a eu une prise de conscience d’un certain clanisme, et le dépôt des armes du FLNC [Front de libération nationale de la Corse] a permis de libérer la parole. La jeunesse a fait confiance aux nationalistes qui incarnaient ce renouveau. » Et qui ont également des solutions sur le plan économique et social, insiste le militant. Chez les jeunes Corses, le taux de chômage est de 28 %, contre 24-25 % à l’échelle nationale.