20 Minutes (Marseille)

Le « casse du siècle » à l’heure du jugement

Le tribunal va se pencher sur les acquisitio­ns de Jacques Cassandri, figure du milieu

- Adrien Max

Toujours beaucoup de questions quarante ans après le « casse du siècle ». Le tribunal doit se pencher ce lundi sur le rôle de Jacques Cassandri, une figure du milieu marseillai­s, qui pourrait être le « cerveau » de l’opération. Albert Spaggiari, décédé en cavale en 1989, s’est toujours vanté être à l’origine de l’attaque de la Société Générale de Nice en 1976, mais un livre-témoignage sorti en 2010 rétablit la vérité sur le casse. L’auteur, qui emprunte le pseudo d’« Amigo », affirme être à l’origine du vol de 46 millions de francs, soit 30 millions d’euros. Les juges placent rapidement Jacques Cassandri sous écoute et obtiennent la certitude qu’il n’est autre qu’« Amigo ». Le texte est retrouvé sur un de ses disques durs et comporte des détails que seul peut connaître un des auteurs du vol. Si le casse est prescrit, le blanchimen­t du magot ne l’est pas. Ce père de famille possède un beau patrimoine, et c’est justement sur l’origine de ces acquisitio­ns que le tribunal s’interroge. « Il a le Son des guitares, le Palais de la Major, la Casa Pietra, d’autres bars près de l’opéra, sans compter ceux au nom de ses proches », explique Xavier Monnier, auteur des Nouveaux parrains de Marseille, aux éditions Fayard.

Pas l’ombre d’un doute

Quant à la véracité de ses révélation­s, elles ne font guère de doute, selon un autre fin connaisseu­r du milieu marseillai­s. « C’est avéré, tout est exact. Aujourd’hui c’est un homme de 75 ans, rangé, qui n’est plus apparu dans une affaire de banditisme depuis des années, sauf pour des faits divers liés à ses établissem­ents. » Xavier Monnier n’a pas non plus l’ombre d’un doute sur sa participat­ion au « casse du siècle ». « C’est quelque chose qu’il a revendiqué plusieurs fois, le fait qu’il soit Amigo est tout à fait crédible. D’ailleurs, au moment de la sortie du livre, quelques-uns de ses associés étaient passableme­nt énervés », explique l’auteur. Pour Frédéric Monneret, l’avocat de Jacques Cassandri, « c’est une chose d’écrire un roman, c’en est une autre de prouver la culpabilit­é de quelqu’un » alors que « l’accusation est construite sur des éléments d’un bouquin ». Sa défense va s’articuler « sur la démonstrat­ion que les acquisitio­ns des fonds de commerce ont été faites par des prêts bancaires ». Jacques Cassandri et certains de ses proches devront aussi répondre d’infraction­s financière­s liées à leurs établissem­ents.

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L’agence de la Société Générale de Nice, dévalisée en juillet 1976.

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