L’incertitude gagne l’apprentissage
Les investissements de la région ont été gelés, dans un contexte de réforme du secteur
En Paca, ces dernières semaines ne sont pas un long fleuve tranquille pour les CFA. La réforme de l’apprentissage annoncée par le gouvernement (lire l’encadré) ne passe pas auprès de la région. Il y a peu, Renaud Muselier a pris une décision forte, vue par certains comme un bras de fer avec l’Etat.
En attendant de savoir le contenu précis de la réforme, la région Paca suspend en effet ses investissements prévus dans les centres de formation des apprentis. En effet, cette réforme engendrerait une importante perte de recettes pour la collectivité. « C’est un fait mathématique, affirme Yannick Chenevard, vice-président de la région Paca délégué à l’emploi, la formation professionnelle et l’apprentissage. Dans ce périmètre, nous investissons 143 millions d’euros pour des recettes de l’ordre de 120 millions d’euros. Mais avec cette réforme, les recettes n’atteindraient plus que 24 millions d’euros. »
Le mode de financement pourrait engendrer la fermeture de certaines sections. « Si le financement se fait par contrat , comment vont-elles vivre ?, s’interroge Yannick Chenevard. Les contrats dépendent de la demande économique, s’il y a moins de contrats, il y a moins d’apprentis, et ainsi de suite… »
D’après des chiffres avancés par la région, cette réforme pourrait engendrer la fermeture de 33 CFA sur 59. « Le problème de financement ne va pas considérer les spécificités d’un territoire, craint Jean-Pierre Galvez, président de la chambre régionale de métiers et de l’artisanat. Par exemple, aujourd’hui, on maintient des sections à faible effectif, mais parce qu’il y a un besoin dans ce secteur. » « Nous, on n’a rien demandé. On est totalement impuissant, soupire Olivier Cousi, adjoint à la direction du CFA de BTP de Marseille. On est financé à 70 % par la région. Donc une partie de nos projets sont bloqués, comme l’équipement de salles. On attend des informations, surtout, sur le contenu de cette réforme. »
« Rien ne me permet de dire qu’on va fermer les CFA que j’ai sous ma responsabilité », tempère Jean-Pierre Galvez. La région Paca espère atteindre le nombre de 50 000 apprentis d’ici à 2021.
« Une partie de nos projets sont bloqués. »
Olivier Cousi, CFA du BTP de Marseille