Les solistes se mettent en scène
Face à Lille, Thauvin et Payet ont voulu montrer leur bonne entente
L’important, c’est les trois points. La troisième place. Et les trois gestes, en gros plan pour les caméras, tant qu’à faire : un penalty que Payet, tireur désigné, offre à Thauvin. Un câlin du second au premier en guise de célébration de but. Et de nouveau, lors du remplacement de Payet, Thauvin qui couraille sur une dizaine de mètres pour de nouveaux mamours. Payet et Thauvin ont profité de la très large victoire de l’OM face à Lille (5-1), samedi, pour mettre en scène leur « réconciliation». Ils mettent en scène et on met des guillemets : la brouille était anecdotique. «On s’est engueulé, ça arrive, et ça nous arrivera encore », souriait le Réunionnais en zone mixte, pour évoquer sa mine boudeuse en fin de match, à Troyes : «Je ne lui aurais pas laissé le penalty le week-end dernier! Mais là, comme on se trouvait bien…» L’offrande a «surpris» Thauvin, qui décrivait, « un geste magnifique, digne d’un grand joueur». Les séances de « media-training » à la Commanderie lui ont beaucoup appris, et pas seulement qu’il faut toujours reprendre les questions des journalistes télé, pour leur simplifier la vie au montage. « Oui, c’est vrai que Kostas Mitroglou est inarrêtable » (deux buts de plus). «Oui, c’est vrai que l’an dernier, j’avais mis 15 buts et que je voulais faire mieux. » Beaucoup mieux, en réalité : Thauvin est désormais le Français le plus décisif en Europe, devant Griezmann, avec 22 buts et 16 passes toutes compétitions confondues. Face au Losc, il n’a pas célébré son doublé (en 18 minutes), au nom de son «passé un peu bizarre» avec un club qu’il a quitté sans jamais y avoir joué. Payet a porté 95 fois le maillot lillois, alors voir son ancien club au fond du gouffre lui fait « de la peine ». Mais moins que de noter que Neymar est toujours devant lui au classement des meilleurs passeurs de L1? Sa passe décisive pour Ocampos va permettre à l’artiste réunionnais de recoller à une petite passe du convalescent brésilien (12 à 13). «Ce n’était pas l’objectif, mais c’est bien pour moi, bien pour tout le monde.» Tout va bien pour Payet, tout va bien pour Thauvin, tout va bien pour l’OM, toujours troisième ex aequo. Les solistes déroulent, s’accordent, et l’orchestre applaudit. Pas à l’unisson, toutefois. « Il faut que certains soient plus concernés par le repli défensif. » Rudi Garcia sait, lui, aussi, viser juste.
« Je ne lui aurais pas laissé le penalty le week-end dernier ! » Dimitri Payet