Les habitants d’Air Bel redoutent la légionellose
Santé Des habitants ne boivent plus l’eau du robinet par peur des maladies
« Eau pourrie : honte aux bailleurs d’Air Bel.» Sur sa très suivie chaîne YouTube, habituellement consacrée aux grands thèmes de l’actualité nationale, Jean-Luc Mélenchon a posté une longue vidéo dénonçant la qualité de l’eau et les conditions de vie des habitants d’Air Bel à Marseille. Un soutien accueilli comme une « bénédiction » par ceux qui, depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, n’utilisent plus l’eau qui sort de leur robinet de peur de contracter des maladies.
« L’eau, elle pue le chlore »
« Vous voulez un café ? » propose Djamila Haouache. La présidente d’Il fait bon vivre dans ma cité, une association de défense des locataires d’Air Bel, sort une bouteille d’eau minérale. En novembre dernier, Djamila Haouache a perdu son frère, décédé d’une légionellose. Il était également habitant du quartier. Dans le cas de son frère, le lien entre son lieu d’habitation et son décès n’a pas été établi. Mais outre les légionelles, une autre réalité inquiète les habitants. En effet, pour tuer les bactéries présentes dans l’eau, du chlore est injecté par les bailleurs. « L’eau, elle pue le chlore, ils doivent en mettre des doses énormes, s’alarme Djamila Haouache. C’est comme à la piscine, sauf que nous, on est obligé de la boire. Certains habitants ont des maux de ventre, d’autres ont des plaques sur la peau à force d’utiliser cette eau pour se doucher. » L’odeur dans le verre est en effet tenace. Parfois, cette eau se trouble et devient un liquide jaunâtre : une réaction chimique du chlore au passage dans les canalisations vieillissantes. Alors, les habitants s’organisent. Dans le frigo, dans le débarras, partout, ce sont des dizaines de bouteilles qui sont stockées. Ceux qui ne peuvent pas se le permettre font bouillir l’eau avant de l’utiliser. Interrogé, un ingénieur de l’ARS préconise, lui, de consommer cette eau très froide, pour éviter le développement des légionelles.