20 Minutes (Marseille)

Et si le Stade-Vélodrome était boudé par l’OM ?

La direction envoie un ultimatum à Arema, qui gère le Vélodrome

- Jean Saint-Marc

Jadis, il nous conseillai­t de boire de la tisane. Désormais, il paie l’apéro aux journalist­es. Pot de fin de saison à la Commanderi­e, Jacques-Henri Eyraud trinque et évoque son été : « Je n’ai jamais beaucoup pris de vacances, de toute façon. » L’été sera chargé, comme ce rosé de Provence qui donne mal au crâne. Dégoter un grand attaquant au mercato, éviter une grande amende au titre du fairplay financier et mettre fin au grand feuilleton autour du Vélodrome. Depuis près d’un an, le club tente d’obtenir l’exploitati­on exclusive du stade. C’est trop long pour Eyraud, qui vient de lancer un ultimatum, dans les colonnes de La Provence : « Toutes les options sont sur la table, y compris celle de construire notre propre stade. » Un coup de bluff, selon plusieurs spécialist­es. Un « jeu d’acteurs dans une négociatio­n délicate », comme le dit l’économiste du sport Christophe Lepetit. « Tout est possible, précise l’économiste marseillai­s Lionel Maltese. Il est arrivé aux Etats-Unis que des franchises déménagent. Mais en France, c’est plus compliqué ! Il y a le poids du territoire. » Eyraud, lui, assure que « 50 % des supporters viennent de l’extérieur de Marseille ». Il affirme aussi que Frank McCourt a la surface financière pour porter son propre projet de stade. Sur le modèle du rival lyonnais? L’OL de Jean-Michel Aulas a réussi son « coup », non sans difficulté­s : annoncé dès 2007 et prévu pour 2010, le Parc OL a finalement été inauguré en 2016. Jean-Michel Aulas a eu toutes les peines du monde à obtenir les autorisati­ons, à surmonter les recours et à boucler son financemen­t. « On ne construit pas un stade en quinze jours », sourit Richard Miron. L’adjoint LR chargé des sports surveille du coin de l’oeil les négociatio­ns entre l’OM et Arema, sans afficher d’inquiétude : « On est dans une zone de turbulence­s… Mais cela fait partie du jeu des discussion­s. » La perspectiv­e d’un départ de l’OM n’empêche pas les élus marseillai­s de dormir. Pourtant, le scénario a tout du cauchemar. « Sans le client OM, le stade Vélodrome n’a aucun modèle économique. C’est un grand danger », rappelle Lionel Maltese. Le business model du stade est déjà fragile : Arema affiche chaque année des déficits. Si l’OM devient exploitant, ce sera à lui de rentabilis­er la coûteuse enceinte. Le club pourra compter sur le soutien de la municipali­té, à qui il verse cinq millions d’euros de loyer par an (plus une part variable). « Si le locataire [l’OM] paie des travaux, le propriétai­re [la mairie] peut réduire le loyer, assure Richard Miron. On est entre gens intelligen­ts, tout se discute ! »

«Cela fait partie du jeu des discussion­s ! » Richard Miron, adjoint aux sports

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 ??  ?? L’OM veut devenir exploitant exclusif de son stade, et pas simple locataire.
L’OM veut devenir exploitant exclusif de son stade, et pas simple locataire.

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