Et si le Stade-Vélodrome était boudé par l’OM ?
La direction envoie un ultimatum à Arema, qui gère le Vélodrome
Jadis, il nous conseillait de boire de la tisane. Désormais, il paie l’apéro aux journalistes. Pot de fin de saison à la Commanderie, Jacques-Henri Eyraud trinque et évoque son été : « Je n’ai jamais beaucoup pris de vacances, de toute façon. » L’été sera chargé, comme ce rosé de Provence qui donne mal au crâne. Dégoter un grand attaquant au mercato, éviter une grande amende au titre du fairplay financier et mettre fin au grand feuilleton autour du Vélodrome. Depuis près d’un an, le club tente d’obtenir l’exploitation exclusive du stade. C’est trop long pour Eyraud, qui vient de lancer un ultimatum, dans les colonnes de La Provence : « Toutes les options sont sur la table, y compris celle de construire notre propre stade. » Un coup de bluff, selon plusieurs spécialistes. Un « jeu d’acteurs dans une négociation délicate », comme le dit l’économiste du sport Christophe Lepetit. « Tout est possible, précise l’économiste marseillais Lionel Maltese. Il est arrivé aux Etats-Unis que des franchises déménagent. Mais en France, c’est plus compliqué ! Il y a le poids du territoire. » Eyraud, lui, assure que « 50 % des supporters viennent de l’extérieur de Marseille ». Il affirme aussi que Frank McCourt a la surface financière pour porter son propre projet de stade. Sur le modèle du rival lyonnais? L’OL de Jean-Michel Aulas a réussi son « coup », non sans difficultés : annoncé dès 2007 et prévu pour 2010, le Parc OL a finalement été inauguré en 2016. Jean-Michel Aulas a eu toutes les peines du monde à obtenir les autorisations, à surmonter les recours et à boucler son financement. « On ne construit pas un stade en quinze jours », sourit Richard Miron. L’adjoint LR chargé des sports surveille du coin de l’oeil les négociations entre l’OM et Arema, sans afficher d’inquiétude : « On est dans une zone de turbulences… Mais cela fait partie du jeu des discussions. » La perspective d’un départ de l’OM n’empêche pas les élus marseillais de dormir. Pourtant, le scénario a tout du cauchemar. « Sans le client OM, le stade Vélodrome n’a aucun modèle économique. C’est un grand danger », rappelle Lionel Maltese. Le business model du stade est déjà fragile : Arema affiche chaque année des déficits. Si l’OM devient exploitant, ce sera à lui de rentabiliser la coûteuse enceinte. Le club pourra compter sur le soutien de la municipalité, à qui il verse cinq millions d’euros de loyer par an (plus une part variable). « Si le locataire [l’OM] paie des travaux, le propriétaire [la mairie] peut réduire le loyer, assure Richard Miron. On est entre gens intelligents, tout se discute ! »
«Cela fait partie du jeu des discussions ! » Richard Miron, adjoint aux sports