20 Minutes (Marseille)

La Roja a perdu à la roulette russe

Eliminée par la Russie aux tirs au but (1-1, 4-3 t.a.b.), l’Espagne voit l’absence d’évolution de son style de jeu sanctionné­e

- De notre envoyé spécial à Moscou, Julien Laloye

L’Espagne telle qu’on l’a connue n’est plus. Elle a été punie par le style qui en a fait la meilleure sélection de ce jeu au XXIe siècle, précisémen­t le jour où elle a voulu l’abandonner. Une idéologie qu’on laisse en chemin et qui finit par vous coûter un match pourtant imperdable face aux Russes : plus de 1000 passes pour la Roja, record absolu depuis le Mondial 1966. Plus de 1000 passes pour rien, ou si peu.

Une vraie remise en cause ?

Un but contre son camp d’Ignashevic­h, et une occasion en prolongati­on pour Rodrigo, avant que De Gea ne dise adieu à son Mondial catastroph­ique sur une séance de tirs au but L’Espagne n’a plus gagné un match à éliminatio­n directe depuis son triplé 2008-2010-2012. L’Espagne est perdue, et elle ne l’a toujours pas compris, à l’instar de Luis Rubiales, le président de la Fédération : «On a été très supérieur, mais ce sport est tellement extraordin­aire qu’il peut permettre à des équipes qui sont moins fortes de gagner un match comme celui-ci. » Il ne regrette pas d’avoir viré Lopetegui (le sélectionn­eur d’alors), avant le Mondial? Tant mieux pour lui, tant pis pour Hierro, qui n’avait pas les épaules pour accompagne­r une idée du football qui se meurt en deux semaines. Lui, au moins, avait conscience du drame qui s’est joué à Moscou : « Le foot a changé depuis 2012. Maintenant, les équipes misent tout sur le jeu rapide en transition. J’entends qu’on puisse penser que notre modèle ne marche plus. Ce serait plus facile de balancer des longs ballons dans la surface. Mais ce n’est pas comme ça que joue l’Espagne.» Ce n’est pas encore comme ça, pour être plus juste. Les garants du style s’en vont les uns après les autres. Xavi au Brésil, Iniesta en Russie. Le formidable milieu catalan a commencé son dernier match de sélection sur le banc, et son entrée n’a rien changé à la possession anesthésia­nte de la Roja. Il s’est quand même fendu d’un message pour ses successeur­s : «L’identité de jeu, c’est une question qui devra être tranchée par l’entraîneur qui aura l’équipe en charge. C’est indiscutab­le que le style qui nous a donné tant de victoires a été très marqué. Le style, ce sera les joueurs que tu veux avoir ou que tu ne veux pas avoir.» Reste à savoir ce qu’on veut. Mais sortie sans gloire par la 70e nation au classement Fifa, qui n’avait pas grand-chose d’autre à proposer que du courage et des cojones, l’Espagne n’en sait foutre rien.

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Pour son dernier Mondial, Andrés Iniesta ne verra pas les quarts de finale.

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