20 Minutes (Marseille)

Le rappeur Elams « met des mots sur ce qu’il vit »

Le rappeur Elams, originaire des quartiers Nord, sort ce vendredi son nouvel album, Ce que l’on vit, dans lequel il décrit son quotidien

- Adrien Max

Quelques mots grattés sur du papier le jour du départ de son père. Voilà le début de la carrière du rappeur Elams, 24 ans, originaire de la Marine bleu, une cité des quartiers Nord. « On devait faire une poésie en cours. Mon prof a adoré, l’a affiché sur les murs et me l’a fait réciter dans les autres classes », relate Elams à l’ombre du bâtiment où il a grandi avec ses deux frères et sa mère. L’école primaire est loin, mais il apprécie toujours autant « mettre des mots sur ce qu’[il] vit ». D’où le nom de son nouvel album qui sort ce vendredi : Ce que l’on vit.

Fidèle à ses habitudes, et au titre de l’album, Elams rappe sa vie et celle de ses amis. « Je n’invente rien, je m’inspire uniquement de mon quotidien. Ce à quoi je suis confronté, les histoires que mes potes me racontent. Ça me permet de me vider de tout ça », explique-til. Il ne comprend d’ailleurs pas les polémiques qui accompagne­nt ses sorties de clip.

« Marre des problèmes »

Après celui tourné en prison, la récupérati­on politique du clip « Vamos » par Samia Ghali, et plus récemment les prises de position autour du clip « Billet », Elams semble apprécier la polémique. Lui s’en défend : « En prison, on voulait tourner un clip avec un collègue, donc on l’a fait. C’était simplement des moments de vie, on ne s’attendait pas à cette tournure. Pour “Billet”, on a tourné le clip, on est reparti il n’y a pas eu de débordemen­ts », explique-t-il, calmement. Il omet néanmoins d’évoquer l’enfant avec une arme « factice », assuret-il après coup, comme un signe de l’écart entre les échelles de valeur de la société et de ses jeunes qui ont grandi dans les quartiers Nord. Pour ce nouvel album, Elams a procédé différemme­nt. « A chaque sortie des albums précédents, je devais rentrer en prison ou j’étais recherché… Là, j’ai vraiment pris le temps de faire les choses de manière plus aboutie », précise-t-il dans un petit studio des Pennes Mirabeau. « Ici, on se coupe un peu du quartier. Quand on y est, il y a toujours du passage, c’est compliqué de se concentrer. Ici on vient, on se met des grosses sessions, ça avance plus vite, et mieux », témoigne-t-il. Résultats, « des sons urbains, à thèmes, avec une bonne dose de divertisse­ment pour s’ambiancer, parce qu’il y en a marre des problèmes », décrit Elams.

Il s’est même payé le luxe de choisir ses collaborat­ions, preuve du chemin parcouru : « Des gens que j’écoute et que j’aime bien, comme sur Marwa Loud, Naps, Keblack, Sofiane. » Du chemin, il devrait encore en parcourir, conscient du marché musical : « Il faut à la fois laisser le temps au titre de vivre, mais tu ne peux pas attendre deux ans, sinon tu n’existes plus. » On a déjà trouvé le prochain titre : « Extralucid­e ».

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Elams a eu plus de temps pour travailler sur cet album que sur les anciens.

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